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Sénégal : Le sursaut africain pour la souveraineté alimentaire, 10 milliards $ pour commencer

Sénégal : Le sursaut africain pour la souveraineté alimentaire, 10 milliards $ pour commencer

La guerre en Ukraine a été un douloureux réveil pour l’Afrique sur sa sécurité alimentaire, avec une inflation qui est montée à des niveaux inédits dans le continent qui affiche la deuxième croissance de la planète, après l’Asie. C’est tous ces sujets et d’autres enjeux du développement qui sont débattus au Sénégal depuis le 25 janvier 2023 par les leaders africains et les institutions financières, en premier la Banque africaine de développement (BAD).

«Le temps de l’action est venu. L’heure est venue pour la souveraineté et la résilience pour l’Afrique», a clamé Akinwumi Adesina, président de la BAD, qui coorganise avec l’État du Sénégal une méga rencontre, sur trois jours, avec pour thème «Nourrir l’Afrique : souveraineté alimentaire et résilience». «Ce que l’Afrique fera dans l’agriculture déterminera l’alimentation du monde», a lancé le patron de la BAD depuis Diamniado, la nouvelle cité administrative nichée à une trentaine de kilomètres de la capitale sénégalaise.

Adesina rappelle que «65 % des terres arables du monde sont en Afrique», ce qui en fait un passage obligé pour venir à bout de la problématique de la nourriture, d’abord pour plus de 283 millions d’Africains frappés quotidiennement par la faim. La BAD commence par un décaissement de 10 milliards de dollars sur 5 ans pour secourir la Sierra Leone, le Zimbabwe, l’Angola et d’autres pays africains malmenés par l’inflation alimentaire, (+13,8% en 2022 contre 12,9% en 2021, source BAD).

Cet argent sera injecté dans le développement agricole et la souveraineté alimentaire de l’Afrique. Il est question d’appuyer directement les acteurs locaux en leur fournissant des intrants agricoles et alimentaires. «L’agriculture doit devenir le nouveau pétrole de l’Afrique», et ça passe par «des moyens adéquats et durables» pour inciter les jeunes à cultiver, par un appui massif aux agriculteurs, a ajouté le président de la BAD cité par Le Point.

Certes le spectre des «ouragans de famine» que redoutait l’ONU a été éloigné par le redémarrage des exportations ukrainiennes cet été, mais les prix du marché mondial resteront très hauts en 2023, alerte la FAO. Le continent doit réagir sans tarder pour sécuriser ses arrières…

«Il y a sur le chemin de l’Afrique des problèmes qui nous maintiennent dans le statu quo d’une agriculture qui continuera à nous exposer à la précarité alimentaire et aux aléas climatiques, mais il y a également l’Afrique des solutions», a souligné le président sénégalais, Macky Sall. Il a pointé la souveraineté alimentaire des pays africains comme «une urgence de première nécessité», avec en toile de fond «l’effet combiné du changement climatique, de la pandémie et d’une guerre majeure».

Le président du Kenya, William Ruto, a embrayé en assénant ceci : «C’est une honte que 60 ans après notre accession à l’indépendance, nous soyons réunis pour discuter de la façon dont nous allons pouvoir nous nourrir. Nous pouvons et nous devons faire mieux».

Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’Union africaine, a fixé le cap : «Dans le temps africain actuel, la souveraineté alimentaire et nutritionnelle devrait être l’âme de notre nouvelle libération de la dépendance alimentaire des fluctuations des marchés et cours céréaliers. Comment nous considérer comme hommes libres alors que nous dépendons pour vivre des vivres d’autrui

«Le potentiel est là, mais le potentiel ne se mange pas», a souligné le patron de la BAD. Donc en même temps que l’Afrique forge les outils de son indépendance financière elle doit travailler très sérieusement sur sa sécurité alimentaire….

 

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