Le gouverneur de Sfax, Fakher Fakhfakh, était sans doute l’une des fiertés du chef de l’Etat, lui et le gouverneur de Ben Arous, Ezzedine Chelbi. A eux deux ils symbolisaient cette nouvelle caste de responsables qui surgissent de l’anonymat total pour révolutionner en profondeur un pays abîmé par les politiciens. Le moins qu’on puisse dire est que les promesses ne sont pas tenues, jusqu’au jour d’aujourd’hui en tout cas. Chelbi se débat dans des accusations terribles sur lesquelles l’exécutif ne dit pas un mot ; quant à Fakhfakh, il se dépatouille toujours avec ses épineux dossiers…
Aux dernières nouvelles Sfax se noyait toujours dans ses ordures. Rien n’a changé sous le soleil ce jeudi 10 novembre. Comme ses prédécesseurs, le gouverneur tente de colmater les brèches, rafistole en transférant les déchets dans d’autres endroits pour contourner la résistance, organise des réunions d’urgence, exactement comme la ministre de l’Environnement dans le temps, etc. Bref, M. Fakhfakh brasse de l’air, comme tous les autres avant lui.
Ce n’est pas ainsi que le président de la République, Kais Saied, voyait les choses, ce n’est pas pour ça qu’il a installé Fakhfakh dans la deuxième ville du pays ; ce n’est pas ce que les Sfaxiens attendaient de leur tonitruant gouverneur. Après un démarrage en trombe le soufflet est vite retombé, l’homme est incapable d’embrayer avec la deuxième vitesse et encore moins la troisième. C’est la panne, le statu quo. A la limite si c’était autre chose que les déchets, que l’hygiène et la santé publiques on pourrait temporiser, mais là…
Le gouverneur a lui aussi été vaincu par les réalités du terrain, les difficultés pour mener l’action publique à son terme. Mettre d’illustres inconnus à des postes de responsabilité a sans doute du bon pour bousculer les habitudes et rompre avec le clientélisme local mortifère, mais ça a aussi l’inconvénient de mettre l’acteur dans un environnement où l’absence de réseaux et de relais locaux paralyse. C’est le cas à Sfax.
Au problème écologique s’est greffé un bras de fer social et politique avec l’UGTT. Complètement dépassé par les événements, le gouverneur dégaine l’armée pour l’aider à ramener le calme dans la ville. Enfin, voyons… Si jusqu’ici le président de la République recule devant la perspective de déployer l’armée – une idée de Feu Béji Caied Essebsi – pour sécuriser les sites névralgiques – pourtant le phosphate en a bien besoin -, que dire de mettre les militaires face aux grognards de Sfax…
S’il ne s’agissait que de mettre des soldats un peu partout pour que tous les problèmes du pays s’arrangent, comme par enchantement, le chef de l’Etat n’aurait pas besoin de nommer des gouverneurs. Il va falloir que Fakhfakh trouve tout seul des solutions… ou alors qu’il en tire toutes les conséquences et rende son tablier. Assurément le surplace et les appels au secours ne sont pas une option que les Sfaxiens peuvent entendre.
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