Economie

Si la hausse de l’inflation perpétue, le taux directeur augmentera, alerte la BCT

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 La grande muette a parlé ! Quand elle le fait, il faudrait bien lire entre les lignes et comprendre les messages. Un discours pas commun. Car technique. Destiné, comme elle est sa vocation, à ancrer les anticipations. Dans le contexte tunisien, l’ancre devrait être à la taille des prévisions. Ces dernières partent dans tous les sens. Décryptage.

Une des rares sorties de la Direction générale de la politique monétaire ; relevant de la Banque centrale de Tunisie ; a fait un mini buzz. Chacun est allé de son analyse. Les réseaux ont commenté.

C’est la DG, Rim El Kolsi qui dans l’émission Expresso dresse le décor : l’exacerbation des tensions inflationnistes reste la principale préoccupation de la BCT, a-t-elle dit en substance.

Tout de go, elle balance : tant que le taux d’inflation augmentera et que cette tendance à la hausse se poursuivra, la dernière augmentation du taux directeur de la BCT ne sera pas la dernière.

En effet, le législateur a confié une mission principale à la BCT, celle de la stabilité des prix. Mais aussi la stabilité financière. Tout est lié. Le dinar, pour sa part, a besoin de soutien. L’investissement de confiance et de visibilité.

Pour Rim El Kolsi, la politique monétaire se doit de jouer son rôlejuguler l’inflation. Les orientations de la politique monétaire permettent d’exercer une pression sur la demande. Et il y a de quoi, selon elle, puisque le taux d’inflation en Tunisie est en hausse continue depuis le deuxième semestre de 2021. Surtout, il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau. Comprendre que la Tunisie frôle l’inflation systémique.

Deux tendances se dégagent !

De ce fait, la DG de la Politique Monétaire à la BCT lance un signal d’alerte : si la hausse de l’inflation poursuivra son trend haussier, la BCT sera dans l’obligation de relever le taux directeur. Ça a été le cas en mai 2022, avec une hausse de 75 points de base. En octobre avec une augmentation de 25 points de base. Le taux directeur est désormais à 7.25%.

Mêlant pragmatisme et anticipation, Rim El Kolsi indique deux tendances claires.

La première : en termes des pressions inflationnistes, l’année 2023 sera difficile, voire même plus compliquée que 2022. Il faut s’y préparer.

Le message est subliminal. Les autorités publiques sauraient-elles le capter ?

Dans son intervention, elle emprunte l’expression chère à feu Hédi Nouira, premier Gouverneur de la BCT en soulignant l’importance de renouer avec « la production et la productivité ».

Elle appelle à solutionner les difficultés relatives à l’activité Phosphate ou la production des énergies renouvelables.

La deuxième : le recul de l’inflation n’interviendra pas avant 2024. Un soulagement est escompté si les mesures nécessaires sont prises. Autrement, le taux de l’inflation atteindrait les 10%. Un pic douloureux, aussi bien pour les citoyens que pour les entreprises.

Une augmentation symbolique ? Plutôt un signal

Pourquoi avoir donc augmenté le taux ? Et pourquoi de 25 points de base, soit 0.25 % ? Là aussi, Rim El Kolsi dans une tentative d’explication ; certes logiques, mais impopulaire ; estime que les effets de la hausse du taux directeur n’apparaîtront que sur le moyen terme. C’est-à-dire après 18 à 24 mois. Parallèlement, dit-elle, l’impact de cette décision sur l’inflation n’apparaîtra qu’après 6 mois à un an !

L’alerte est donnée. La sonnette d’alarme est tirée ; « comme elle l’a été et à maintes reprises dans les communiqués du conseil d’administration » de la BCT relève -t-elle.

La solution réside dans « l’accès au financement »

Mais, qu’en est-il de l’impact sur l’investissement ? Pour Rim El Kolsi a estimé que le vrai problème ne réside pas tant dans la hausse des taux d’intérêt. C’est plutôt du côté de « l’accès au financement » qu’il faudrait regarder. Soit ! Mais l’effet d’éviction est là puisque les banques de la place financement le Budget de l’Etat à des taux de rendement alléchants.

D’un autre côté, pour la DG la politique monétaire soulève le besoin (urgent ?) de rationaliser les importations et de donner la priorité aux matières premières ou les hydrocarbures. Il s’agit de préserver les réserves en devises de la Tunisie. Ces dernières s’érodent. Notamment, à cause du déficit de la balance commerciale.

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Publié par
Amazigh Bejaoui