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Si Sami Fehri n’existait pas ils l’auraient créé…

Si Sami Fehri n’existait pas ils l’auraient créé…

L’hystérie – heureusement pas collective -, l’emballement, le réflexe pavlovien bien tunisien qui veut qu’on se jette sur tout pour conjurer je ne sais quel mal-être, même s’il faut pour cela jeter à la vindicte populaire de faux problèmes. Comme exactement ceux qui l’ont précédé, le dernier-né de la chaine de Sami Fehri est devenu l’exécutoire des syndicalistes de l’Education nationale et même de leur ministre, une agitation puérile et stérile qui hélas est devenue coutumière pour exorciser les démons d’une société qui ne voit plus le bout de ses vrais problèmes.

«Baraa» l’an dernier, «Fallujah» cette année. Ainsi de suite… A chaque fois qu’El Hiwar Ettounsi pond quelque chose sur les tréfonds de la société tunisienne on tombe sur lui à bras raccourcis. Et ce sont toujours les mêmes promoteurs de la vertu qui montent au front. Ça ne loupe jamais avec les feuilletons ramadanesques, toujours ces mêmes réflexes de planquer soigneusement la poussière sous le tapis.

Ces fléaux sociaux existent bel et bien, et tout le monde le sait mais les promoteurs de la vertu n’ont pas envie qu’on leur mette ça sous le nez. On est d’accord sur le fait que le scénario est d’un goût douteux, que certaines scènes peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes, que certaines situations sont largement exagérées, etc. Mais c’est justement pour cela qu’on l’appelle fiction et pas documentaire…

Par ailleurs il y a un mécanisme simple pour calmer tout le monde : interdit aux moins de 16 ans bien en évidence sur l’écran, comme l’a dit ce vendredi sur une radio privée l’ancien vice-président de la HAICA le juge Omar Oueslati. Et si ça ne suffit toujours pas déplaçons le feuilleton à une heure tardive – c’est déjà arrivé avec “Awled Moufida” – pour s’assurer que les plus jeunes ne seront pas traumatisés par ce qu’ils verront. A moins qu’on préfère la solution radicale : Zapper ou éteindre carrément sa télé.

Versons encore un peu plus dans l’hypocrisie collective et faisons mine d’ignorer que nos enfants regardent des contenus beaucoup plus nocifs sur leurs smartphones, à longueur de journée sans que les mêmes censeurs ne s’en offusquent…

Aller jusqu’à dire que «le feuilleton porte atteinte au secteur de l’éducation» – c’est le ministre Mohamed Ali Boughdiri qui l’a dit ce 24 mars sur une radio privée –, que le sujet a été débattu avec la cheffe du gouvernement et qu’il sera sur la table du chef de tout l’Etat – excusez du peu ! – ça dépasse l’entendement. Beaucoup d’autres dossiers bien plus essentiels aimeraient avoir le même destin.

Il faut souhaiter qu’on n’en viendra pas à des excès du genre interdiction de diffusion. La Tunisie a déjà un passif très lourd et n’a pas intérêt à y ajouter cette restriction flagrante des libertés. Rien ni personne ne doivent remettre en cause notre liberté de regarder ou de ne pas regarder. C’est à nous citoyens et à nous seuls d’en décider.

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