Le député et président de la commission parlementaire de la réforme administrative, Badereddine Gammoudi, a déclaré sur sa page officielle sur les réseaux sociaux lundi dernier 15 mars 2021 qu’au moment où les tunisiens boivent des eaux polluées, le Président Directeur Général (PDG) de la Société Nationale d’Exploitation et de Distribution des Eaux (SONEDE) vient d’acquérir une voiture de luxe pour 200 mille dinars (61 mille euros).
Le député a précisé que l’achat de la voiture a été effectué, en puisant dans une enveloppe de 1,5 million de dinars allouée aux marchés de la société. Une somme qui pourrait servir, d’après Gammoudi, aux réparations d’une station d’épuration telle que celle de Béja tout en indiquant que le PDG n’a pas prêté attention aux deux voitures dont il dispose déjà, sachant que la Société s’apprête à augmenter ses tarifs…
Le dernier rapport d’activité publié par la société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (SONEDE) et comportant ses états financiers est relatif à l’année 2016. Ainsi, cinq ans et à part des tableaux statistiques techniques élaborés par la société et qui sont étalés sur son site Web officiel, on ne dispose d’aucune information structurée concernant la situation financière de la société.
Selon les dernières informations comptables de la SONEDE, le résultat net de cette entreprise publique a atteint un chiffre négatif de 27.2 millions de dinars pour l’année comptable 2016. Cependant et d’après des données du ministère des finances, le déficit s’est aggravé en 2018 pour se situer à 56 millions de dinars, les dettes sont de l’ordre de 1043 millions de dinars soit 88% du capital.
Les chiffres publiés par la SONEDE montrent, en outre, que les produits d’exploitation ont vu une régression de l’ordre de 9.2% tandis que les charges d’exploitation ont connu une stagnation avec 415.3 millions de dinars. Le revenu de la société a baissé à 350.5 millions de dinars. Les charges du personnel y compris les services financiers accordés aux agents ont atteint 176.9 millions de dinars enregistrant une évolution de 8.5%. Ces charges consomment ainsi 49% du revenu de la SONEDE au titre de l’année comptable en question.
Sur un autre plan, le rapport national de l’eau élaboré en 2017 par le bureau de la planification et des équilibres hydrauliques relavant du ministère de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche montre que la SONEDE peine à progresser dans le recouvrement des coûts.
Le bureau de la planification et des équilibres hydrauliques précise dans son rapport que la tarification utilisée par la SONEDE est une tarification progressive, favorable aux ménages de condition socioéconomique modeste. Il n’en demeure pas moins que la fixation et particulièrement les augmentations restent non indexées ni sur les coûts, ni sur l’augmentation des charges, ni même sur l’augmentation du coût de la vie ou des revenus.
Un bref focus sur la structure des coûts de la société, montre que le déficit n’est pas seulement dû à la frilosité en matière d’augmentation des tarifs. Le poste « énergie » va croissant, représentant plus de 64% des achats consommés. Le poste « charges du personnel » connait, quant à lui, un accroissement régulier, qui s’est accéléré après 2011.
Sous ces différents angles, il est clair que les consommateurs en Tunisie consacrent, à part les impôts et taxes qu’ils payent dans un contexte où la pression fiscale est de l’ordre de 35%, en tenant compte de la fiscalité locale, une part importante de leur revenu pour supporter les charges démesurées liées aux salaires et surtout aux avantages de plus en extravagants des certains hauts fonctionnaires.
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