Economie

Sous-emploi et travailleurs pauvres : le BIT lance un cri d’alarme

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À l’échelle mondiale, environ 2 milliards de travailleurs occupaient un emploi informel en 2022 et ce, dans u contexte où la fréquence de l’emploi informel avait reculé de 5 points de pourcentage entre 2004 et 2019, mais la reprise de l’emploi après la crise du COVID-19 a été principalement alimentée par l’emploi informel, ce qui a entraîné une légère augmentation de l’incidence de l’informalité, et ce, selon le dernier rapport publié par le Bureau international de Travail (BIT) et intitulé « Emploi et questions sociales dans le monde : Tendances 2023 » .

L’incidence de l’informalité est dépourvue de nombreuses caractéristiques de la relation d’emploi formelle qui sont importantes pour faire progresser la justice sociale. Par exemple, les emplois informels ont beaucoup moins de chances de donner accès aux systèmes de protection sociale que les emplois formels.

De travailleurs dans l’extrême pauvreté

Le rapport indique que dans l’ensemble, seulement 47 pour cent des personnes dans le monde sont effectivement couvertes par au moins une prestation de protection sociale, ce qui veut dire que plus de 4 milliards de personnes ne bénéficient toujours d’aucune protection sociale. En 2022, on estime que 214 millions de travailleurs vivaient dans l’extrême pauvreté (avec un revenu inférieur à 1,90 dollar É.-U. par jour et par personne en termes de parité de pouvoir d’achat (PPA)), soit environ 6,4 pour cent des actifs occupés.

Selon les estimations, les pays à faible revenu enregistrent le même taux d’extrême pauvreté au travail qu’en 2019, et un nombre croissant de travailleurs pauvres. Sans mesures décisives pour sortir de cette impasse, il sera impossible de réaliser l’objectif de développement durable (ODD) 1, à savoir l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes.

Comme les revenus nominaux du travail n’augmentent pas au même rythme que l’inflation, la crise du coût de la vie risque de faire basculer davantage de personnes dans la pauvreté absolue ou relative – la « pauvreté relative» correspondant au fait de tomber au-dessous du seuil de pauvreté national, note l’OIT dans son rapport ajoutant que ce risque est particulièrement élevé pour ceux qui se trouvent au bas de l’échelle de répartition très inégale des revenus ; les revenus de la moitié inférieure des travailleurs dans le monde ne correspondent qu’à environ 8 pour cent du revenu total du travail.

1,55 million des travailleurs au secteur privé en Tunisie sont des employés informels

Dans le secteur privé, près de 1 travailleur sur 2 est employé de manière informelle et le taux d’informalité le plus élevé est observé parmi les travailleurs non-salariés révèle le dernier nouveau rapport de la Banque mondiale sur le « Paysage de l’emploi en Tunisie ».

En 2019, sur près de 2,8 millions de travailleurs employés dans le secteur privé, environ 1,55 million étaient informels, précise le rapport ajoutant que la part de l’emploi informel en Tunisie est inférieure à la moyenne des États arabes, à l’exclusion des pays à revenu élevé sachant que les définitions de l’emploi informel peuvent différer d’un pays à l’autre.

Le taux d’informalité est considérablement plus élevé chez les travailleurs non-salariés (87,7%) que chez les salariés (29,0%) alors que le taux est estimé à 72% chez les employeurs et à 92% chez les travailleurs indépendants, révèlent les données statistiques.

La pandémie de COVID-19 et la crise économique ont eu des effets néfastes sur le marché du travail tunisien, en particulier chez les hommes et les jeunes. Par rapport au premier trimestre (T1) de 2020, l’emploi a chuté de 4,5% au T2 et, après un rebond partiel au T3, il a continué de baisser au dernier trimestre de 2020 ainsi qu’au cours des trois premiers trimestres de 2021, indique-t-on.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek