Economie

S&P : Des risques planent sur l’économie et le secteur financier en Tunisie

S&P : Des risques planent sur l’économie et le secteur financier en Tunisie

L’agence internationale de rating Standard & Poor’s (S&P) vient de publier un rapport autour des défis auxquels feront face les Etats, les Sociétés, et les Banques de la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) dans le contexte de l’après pandémie.

S&P a passé en revue les évolutions récentes et les perspectives de développement économiques et financières dans six pays de la région qui sont l’Égypte, le Maroc, le Qatar, l’Arabie saoudite, la Tunisie (seul pays dont la nouvelle note n’est pas encore publiée) et les Émirats Arabes.

Faits saillants

Les faits saillants du rapport ont concerné principalement le constat de S&P de la dépendance importante des principaux pays du MENA des exportations d’énergie, di tourisme et du secteur aérien ce qui leur a provoqué des pertes significatives mais la croissance à la région, selon l’agence, a commencé à rebondir au troisième trimestre 2020 qui a été contrecarré, tout de même, par les dernières vagues de la pandémie du Covid-19. Le rythme du rebond est insuffisant pour hisser ces économies à leurs trajectoires de PIB de l’avant pandémique au moins, d’ici 2024.

En outre, les richesses en hydrocarbures font toujours la différence entre les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et les Etats nord-africains. La faiblesse des positions budgétaires continue de peser sur les pays de l’Afrique du Nord, tandis que l’accumulation de niveaux élevés d’actifs publics par les Etats du CCG soutient à la fois leur position budgétaire et extérieure, indique S&P.

S&P Global Ratings prévoit une reprise progressive dans la plupart des secteurs, mais les entreprises restent prudentes. Elle prévoit aussi des pressions continues dans certains secteurs d’activité, notamment le tourisme et le secteur aérien, avec une reprise progressive de certains segments de l’immobilier. La hausse des prix du pétrole est un catalyseur clé pour la région du CCG, souligne l’agence.

L’agence affirme, entre autres, que la plupart des banques de la région MENA sont restées résilientes malgré le choc économique de la pandémie. Elle prévoit que les pertes liées au risque du crédit culmineront dans la majeure partie de la région en 2021 et tendront progressivement vers les valeurs moyennes de l’avant pandémie, à partir de 2022.

Cependant, S&P estime que les créances non performants (NPL) persisteront dans certains pays en raison de facteurs structurelles. Elle anticipe, en somme, une reprise économique lente en raison de la dépendance accrue du tourisme en Égypte et au Maroc et l’intensification des troubles politiques en Tunisie. La performance des banques du CCG devrait s’améliorer car la hausse des prix du pétrole depuis l’année dernière soutient les économies de cette zone, martèle l’agence.

La Tunisie en pleine confusion

En Tunisie, les récents bouleversements politiques ont créé un environnement incertain, du moins à court terme, et le pays connaîtra probablement la reprise la plus lente parmi les trois pays d’Afrique du Nord de la région MENA, avec seulement 3,8% cette année et 2,1% en moyenne au cours des trois années prochaines, selon le FMI. Cela fait suite à une baisse de croissance de 8,6 % l’an dernier, assure S&P.

D’après le rapport de l’agence, les tensions politiques se sont intensifiées en Tunisie dès le 25 juillet 2021, lorsque le président a suspendu le parlement pour 30 jours, a limogé le gouvernement et a annoncé qu’il gouvernerait par décrets présidentiels.

La suspension ait été prolongée indéfiniment, par la suite, et la prochaine étape n’est pas claire en Tunisie, précise S&P, qui considère que l’évolution de la situation générale au pays risque d’affecter l’activité des banques tunisiennes. Cette incertitude s’ajoute à un environnement opérationnel déjà tendu pour les banques en raison des répercussions du Covid-19, qui ont été exacerbées ces dernières semaines à la suite d’une augmentation du nombre des nouveaux cas, ce qui a freiné la saison touristique.

Le rapport de l’agence internationale de rating assure que la pandémie a déjà entraîné une contraction sans précédent du PIB à 8,6% en 2020, selon le FMI, intensifiant ainsi les fragilités socioéconomiques de la Tunisie après une décennie de mise en œuvre de réformes désorientée et de faible croissance. Dans ce contexte, l’économie tunisienne connaîtra probablement un lent retour aux niveaux d’avant la pandémie, avec une croissance du PIB de seulement 2,4% par an en moyenne au cours des cinq prochaines années, sur la base des projections du FMI.

Ce niveau de croissance ne sera probablement pas suffisant pour faire face au taux de chômage élevé et à la détérioration du niveau de vie du pays, alimentant en conséquence un nouveau mécontentement social. Les déficits budgétaires élevés ont mis la dette publique sur une trajectoire insoutenable de dépendance vis-à-vis des institutions financières multilatérales et l’instabilité politique actuelle pourrait compromettre la conclusion d’un accord avec le FMI et poser d’importants défis financiers au pays, affirme Standard & Poor’s.

De leur côté, les banques tunisiennes seront confrontées à un environnement macroéconomique et opérationnel plus difficile avec des assises financières déjà faibles et des risques élevés. Standard projette une détérioration de la rentabilité des banques qui opèrent dans un environnement très concurrentiel et fragmenté avec de des perspectives de développent non rassurants et des pertes probablement de plus en plus croissantes liées à l’activité d’octroi des crédits. La structure actuelle du système bancaire encourage la concurrence par les tarifs, car les banques essayent d’approcher seulement quelques clients solvables de premier rang, affirme l’agence.

S&P considère que ces facteurs éroderont davantage les composantes des fonds propres déjà insuffisants des banques tunisiennes, en particulier pour les plus petites entités. Les banques maintiendront probablement des provisions élevées pour les pertes sur prêts, compte tenu de leurs fortes expositions au commerce de détail, au tourisme, à l’immobilier et à certaines filières d’exportation risquées, ce qui pèse finalement sur leur rentabilité et leur capitalisation.

La banque centrale a abaissé son taux directeur à deux reprises en mars et octobre, de 150 points de base cumulés (à 6,25 %), tout en continuant à fournir aux banques un important soutien en liquidités. S&P anticipe que ce soutien se poursuivra au cours des prochains mois pour aider le système bancaire à faire face à une incertitude supplémentaire liée à la situation politique. Elle estime la poursuite d’un tel soutien comme critique en raison des faibles profils de financement des banques tunisiennes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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