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Subventions et transferts sociaux en Tunisie … Petit budget pour grands besoins

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Le budget alloué aux subventions en 2020 s’élève à 4180 millions de dinars (MD), accusant une baisse de 12.7% par rapport à l’année précédente. Ce budget prévoit des subventions pour les produits alimentaires de base (1800 MD), les hydrocarbures et l’électricité (1880 MD) et le transport (500 MD). Cette baisse s’explique essentiellement par la régression des subventions d’exploitation accordées à la société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG) et à la Société tunisienne des industries de raffinage (STIR).

Concernant les transferts sociaux, l’enveloppe budgétaire pour 2020 a été arrêtée à 2870 (MD), en baisse aussi de 7.2% par rapport à 2019 et se rapporte à l’aide des familles nécessiteuses (786 MD), la diversification des ressources des caisses sociales (450 MD), le financement des collectivités locales (545 MD) et l’octroi de primes et de bourses universitaires (218 MD).

Evidemment, en prenant en considération les 285 mille ménages dits à revenus limités tel que déclaré par les autorités compétentes, on peut affirmer que les budgets alloués pour améliorer leur qualité de vie sont insuffisants, sachant que l’institut national de la statistique (INS) a estimé dans une note élaborée en 2016 le nombre des familles nécessiteuses à 900 Mille et ce, en se référant au sens multidimensionnel de la pauvreté.

Le taux de pauvreté, dans ce contexte, est estimé à l’échelle nationale à 29% et atteint dans certaines régions plus de 55%, selon l’institut.

Néanmoins et malgré ces données alarmantes, les subventions liées directement à la compensation ne bénéficieraient aux nécessiteux qu’à raison de 37%. La manière avec laquelle est gérée la distribution des allocations d’aide aux ménages pauvres se base sur des critères flous, à l’instar de la disposition d’un carnet de soins gratuits ou à tarifs réduits.

En septembre 2018, une commission gouvernementale a été constituée et chargée de repenser le système de subvention des produits de base et a proposé la levée progressive de la compensation contre le versement de 135 dinars par an et par individu directement aux familles pauvres bien que leur recensement prête à équivoque sur plusieurs plans.

Le basculement vers la vérité des prix se fera ainsi, sur trois phases: la première concernera le lait et l’huile végétale, la deuxième les pains (gros pain et baguette) et la farine pâtissière, la troisième a trait au sucre, semoule, couscous et pâtes.

Le choix de passer par trois phases, dont chacune durera entre 6 et 9 mois, permettrait de remédier aux défaillances et d’étaler la période des hausses des prix qui seront décidées. Cependant, les prix resteront administrés.

Toutefois, vu de la sensibilité de la manœuvre surtout que les contrebandiers sont très impliqués dans la commercialisation des produits subventionnées, la commission n’a pas avancé significativement dans son projet.

En somme, gérer une situation pareille consacrant l’injustice sociale et l’appauvrissement de larges franges de la population n’a aucun sens. Tous les experts demandent de changer le système radicalement en se référant à des expériences réussies dans plusieurs pays. Malheureusement , l’instabilité qui règne en Tunisie depuis de longues années et la dilution du pouvoir ne peuvent pas permettre de procéder à des réformes profondes et efficientes aussi bien sur le plan économique que social.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek