C’est sans doute le premier grand défi de la “Syrie libre” : Démilitariser les groupes armés pour réunir un pays fracturé par 13 années de guerre et son lot de morts, plus d’un demi-million depuis 2011. Les puissances régionales et internationales qui arment ces milices guettaient le nouvel homme fort du pays, le leader de Hayat Tahrir al-Cham (HTC), Ahmed al-Charaa (nom de guerre Abou Mohammad al-Jolani), la communauté internationale l’épiait, il vient de signer sa première victoire. Et elle n’est pas que symbolique : “tous les groupes armés” ont paraphé l’accord sur leur dissolution…
Les armes seront donc remises aux nouvelles autorités syriennes et tous les combattants seront regroupés sous la même bannière. L’annonce a été faite ce mardi 24 décembre, on ne connait pas les détails de ce document, ce qu’on sait c’est que la nouvelle est tombée après “une réunion des chefs des groupes” armés avec Ahmed al-Charaa. La rencontre “a abouti à un accord sur la dissolution de tous les groupes et leur intégration sous la tutelle du ministère de la Défense“, ont précisé l’agence officielle Sana et les nouvelles autorités sur leur compte Telegram.
Rappelons que dimanche dernier le leader islamiste a déclaré, en recevant les émissaires des pays arabes et occidentaux, qu’il ne “permettrait absolument pas que des armes échappent au contrôle de l’État“. Il avait ajouté lors d’un point de presse que cette mesure est aussi valable pour toutes les “factions présentes dans la zone des Forces démocratiques syriennes” – FDS, dominées par les Kurdes. Ces mêmes Kurdes qui empêchent le président turc Recep Tayyip Erdoğan de dormir…
Il n’est pas exclu qu’Ankara, premier soutien du HTC, ait ardemment insisté auprès de Damas pour qu’il fasse du désarmement des Kurdes une priorité absolue. A noter que pour Erdogan ils ne sont rien d’autre que des terroristes, PKK ou pas ; d’ailleurs l’armée turque procède fréquemment à des incursions en Syrie pour les bombarder. Donc pour les Turcs c’est une première victoire, on verra si elle tient dans la durée.
Rappelons que les Kurdes étaient armés par les USA pour en découdre avec Daech et Al-Qaïda, ce qu’ils ont très bien fait, d’ailleurs des milliers de djihadistes dorment dans leurs prisons. Les armes servaient aussi à sécuriser ces lieux qui terrifient les Occidentaux. Donc il faudra que le pouvoir en place, dont les leaders ont un passé djihadiste, apporte la preuve qu’il sera sans complaisance avec les terroristes emprisonnés…
Si Washington a sorti Ahmed al-Charaa de la liste des personnes recherchées (sa tête était mise à prix à 10 millions de dollars) et HTC des organisations terroristes c’est pour parier sur l’avenir. Pour le moment ça part bien, on verra la suite. Dans les clichés publiés par l’agence officielle Sana et le compte Telegram des autorités on voit al-Charaa en compagnie des chefs de plusieurs groupes armés, mais pas les leaders des forces kurdes implantées dans le nord-est du pays. Ça viendra peut-être.
Le chef militaire de HTC, Mourhaf Abou Qasra, dont le nom de guerre est Abou Hassan al-Hamwi, avait déclaré la semaine dernière que “la prochaine étape” serait la dissolution des factions armées, en premier son propre groupe, pour les intégrer toutes dans la future institution militaire. Il avait ajouté que le nouveau pouvoir voulait aussi avoir la main sur les régions du nord-est de la Syrie, régies par une administration kurde semi-autonome. L’absence des Kurdes dans cette réunion est la preuve qu’il y a encore beaucoup de travail.
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