Politique

Syrie : l’accord Charaa-FDS vacille face aux revendications kurdes

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La tension est de nouveau montée d’un cran entre Damas et les Forces démocratiques syriennes (FDS), quelques semaines à peine après la signature d’un accord censé sceller leur rapprochement. En cause : de vives divergences autour de la conception de l’unité nationale et du futur politique du nord-est de la Syrie.

Dans un communiqué publié ce week-end, la présidence syrienne a dénoncé les récentes déclarations des FDS, jugeant qu’elles contrevenaient aux termes de l’accord conclu avec le président de transition Ahmed Charaa. L’Élysée syrien a fermement rappelé que l’unité de la Syrie, tant sur le plan territorial que populaire, constitue une « ligne rouge » et que toute tentative de division ou de remise en cause de l’identité nationale serait catégoriquement rejetée, quels que soient « les prétextes ou les appellations » avancés.

La crispation s’est accentuée à la suite d’un congrès organisé par les partis kurdes syriens dans le nord-est du pays. Au terme de cette réunion, les participants ont adopté une vision politique plaidant pour la création d’un État syrien « démocratique et décentralisé », garantissant les droits des Kurdes ainsi que la participation politique et militaire des femmes. Les partis kurdes ont appelé à prendre cette feuille de route comme « base du dialogue national » avec les nouvelles autorités de Damas.

Lors de son intervention au congrès, le général Mazloum Abdi, commandant en chef des FDS, a tenu à apaiser les critiques en affirmant que « l’objectif du congrès n’est pas la division, bien au contraire, il vise à l’unité de la Syrie ». Il a souligné que chaque composante syrienne devait obtenir ses droits constitutionnels pour construire une Syrie « démocratique et décentralisée ».

Un accord déjà fragilisé

Le 11 mars dernier, Ahmed Charaa et Mazloum Abdi avaient signé un accord majeur prévoyant l’intégration de toutes les institutions civiles et militaires de l’administration autonome kurde dans le cadre de l’État syrien. Cet accord représentait un tournant, après des années de méfiance réciproque.

Cependant, les autorités de transition avaient à plusieurs reprises exprimé leur opposition à toute tentative de partition ou d’instauration d’un régime d’autonomie locale, faisant allusion au modèle kurde qui s’était consolidé depuis le début du conflit en 2011.

La situation s’est tendue davantage lorsque l’administration autonome a critiqué sévèrement la Déclaration constitutionnelle, élaborée sous l’égide de la présidence syrienne, qui accorde des pouvoirs étendus au président pour gérer la transition sur une période de cinq ans. L’administration kurde a également rejeté la composition du nouveau gouvernement, estimant qu’il ne reflète pas « la diversité » de la société syrienne et affirmant qu’elle ne se sentait pas liée par ses décisions.

Pour rappel, l’administration autonome kurde contrôle aujourd’hui de vastes territoires dans le nord et l’est de la Syrie, incluant les principales ressources pétrolières et gazières du pays. Les FDS, bras armé de l’administration kurde, ont été un allié clé dans la lutte contre l’organisation État islamique (Daech), qu’elles ont réussi à vaincre dans ses derniers bastions en 2019.

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