L’Iran aux abonnés absents (il a d’autres combats plus urgents), la Russie qui regarde ailleurs (vers l’Ukraine), la Turquie qui soutient ouvertement la rébellion islamiste, les Chiites irakiens qui s’en lavent les mains, le Hezbollah libanais marqué à la culotte par Israël et une armée syrienne démotivée, sous-équipée et qui vraisemblablement n’a pas envie de mourir pour le dictateur… C’est tout ce cocktail explosif qui a amené le leader de Hayat Tahrir al-Cham (HTC), Abou Mohammed al-Jolani, aux portes de la capitale, Damas, ce samedi 7 décembre, en à peine 10 jours de mobilisation.
Quant au président Bachar al-Assad personne ne l’a vu ou entendu en public depuis dimanche dernier, en compagnie du ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi. Après 53 ans de règne sans partage, émaillé de sang, trop de sang, les Alaouites sont à deux doigts de tirer définitivement leur révérence. Des factions rebelles ont fait savoir qu’elles ont “commencé à encercler” Damas, après que les forces gouvernementales ont lâché toutes leurs positions stratégiques dans le reste du pays, à part Homs, la côte méditerranéenne et la capitale. Mais pour combien de temps encore ?
Toutes les autres grandes villes sont tombées après très peu de combats. L’armée a déserté des camps entiers laissant sur place tout l’équipement. “Nos forces ont entamé la phase finale de l’encerclement de la capitale Damas“, a affirmé un chef de haut rang de la coalition rebelle, Hassan Abdel Ghani. Le ministère syrien de la Défense soutient que “les informations selon lesquelles nos forces armées, présentes dans toutes les zones de la campagne de Damas, se sont retirées, ne sont pas fondées“. Mais le déni ne durera pas longtemps, le régime est seul contre tous et n’a pas les moyens de faire face.
En 2015 les rebelles avaient également presque encerclé Damas, la Russie au prix de bombardements meurtriers à large échelle avait sauvé la peau du régime. Cette fois les avions de Vladimir Poutine feront le service minimum, pire Moscou a demandé à ses ressortissants de quitter le pays, idem pour les USA et le premier soutien de la Syrie, l’Iran. Si la capitale est encerclée et qu’une aide extérieure ne vient pas rapidement la chute d’al-Assad sera une affaire de jours, de semaines tout au plus.
Les chefs de la diplomatie turque, russe et iranienne sont en ce moment même au Qatar pour tenter de sauver ce qui peut l’être en Syrie. Mais de l’aveu même du Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, le président al-Assad “n’a pas saisi l’occasion de dialoguer et de rétablir la confiance avec son peuple” durant les années qui ont précédé l’attaque des rebelles. Quand on a causé plus d’un demi-million de morts on n’a pas le droit de s’enfermer dans une tour d’ivoire…
Le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, a déclaré hier vendredi à la télévision que son homologue syrien a refusé d’interagir avec lui suite à son offre de dialogue, aucune réponse. Le président syrien a scellé son sort et il sera funeste s’il tombe entre les mains de la rébellion. Il lui reste l’exil mais où avec tout ce sang qu’il a dans les mains ? Ses horizons se sont rétrécis depuis que la France a émis à son encontre un mandat d’arrêt international, pour complicité de crimes contre l’humanité.
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