Economie

Taux directeur en hausse : une mesure à impact minime sur les ménages mais frein contre l’inflation

Taux directeur en hausse : une mesure à impact minime sur les ménages mais frein contre l’inflation

La décision prise hier, mardi 17 mai 2022, par la Banque Centrale de Tunisie (BCT) d’augmenter le taux directeur de 75 points de base à 7% a été justifiée par la volonté de cibler la dérive inflationniste.

Bien que cette approche soit discutable par ceux qui prônent cette lutte à travers l’accélération de l’investissement public (les budgétaires), il est presqu’évident que l’écart négatif entre l’indice des prix à la consommation (IPC) – indice de l’inflation – et le taux directeur (-1,25%) n’est plus tenable du fait qu’il érode le coût du capital et menace l’épargne public et privé.

Néanmoins, il y a lieu d’éclairer certains points concernant l’évolution des revenus en Tunisie dans un contexte d’inflation galopante et l’impact de la dernière hausse du taux directeur sur les annuités des crédits notamment celles contractées par les particuliers par catégorie d’engagement.

D’après les dernières statistiques actualisées de la BCT, le revenu national disponible brut (RNDB) par habitant a évolué de 7734,4 dinars en 2015 à 9477,0 dinars en 2020 soit une hausse de 22,5%. Toutefois, exprimé en dollars, le RNDB par habitant a baissé sur la même période de l’équivalent de 3947,5 à 3371,3 dinars.

Cette variation du RNDB n’a pas été en corrélation avec les paramètres de la consommation puisque la propension moyenne à consommer (consommation / RNDB) est passé de 89,1% en 2015 à 96,0% en 2020 pour une moyenne de croissance annuelle de -0.17%. Ceci veut dire que la consommation a été faite au détriment de la croissance dans une situation de pure destruction de la valeur ajoutée économique.

L’engouement des Tunisiens au crédit bancaire, ces derniers temps, s’explique par cette situation où s’applique parfaitement la règle : Il faut s’endetter au maximum en temps d’inflation…

Ainsi, prenons l’exemple d’un fonctionnaire ayant contracté un crédit bancaire (consommation ou logement), pour voir l’impact de la hausse du taux directeur et en conséquence du taux du marché monétaire (TMM) sur ses annuités de remboursement du crédit.

Les données de la LF 2022 font état d’un masse salariale globale à l’administration tunisienne de 20345 millions de dinars (MD) en 2021 pour 661703 agents, le salaire mensuel moyen net est estimé généralement et par secteur entre 1300 et 1500 dinars.

L’obtention par ledit fonctionnaire d’un crédit de consommation de 30000 dinars sur 5 an avec l’hypothèse d’un taux d’intérêt égal au TMM + 4% implique le règlement d’une annuité de 641 dinars. Après la hausse du taux directeur, l’annuité sera de 652 dinars soit une hausse de 11 dinars ou 1,7%.

Au cas où le même fonctionnaire contracte un crédit logement de 120000 dinars sur 20 ans pour un taux qui équivaut à TMM + 2, l’annuité passe de 1023 dinars à 1100 dinars ce qui correspond à un remboursement additionnel de 77 dinars ou 7,5%.

Rappelons que selon les statistiques de la banque centrale de Tunisie, l’encours total des prêts bancaires non-professionnels accordés (aux particuliers) par les banques tunisiennes à la fin de l’année dernière était de 26742 millions de dinars, contre 25658 millions de dinars en 2020, soit une évolution de 4,2%.

L’encours des prêts de logement était de 12116 millions de dinars en 2021 contre 11819 millions de dinars fin 2020.  L’encours des prêts pour l’achat d’un logement représente environ 45,3% de l’encours total des prêts non professionnels à la fin de l’année écoulée.

En ce qui concerne les prêts pour l’acquisition de voitures, leur encours était de 376 millions de dinars à la fin de l’année dernière alors que l’encours des autres prêts à la consommation a atteint en 2021 environ 4014 millions de dinars contre 3567 millions de dinars, l’année précédente.

En dépit des effets de la pression de remboursement des crédits bancaires par les ménages, il est important de noter que le poids des dépenses alimentaires et autres charges vitales liées au transport, énergie, logement, santé et autres accaparent aujourd’hui selon les chiffres de l’INS 77,2% du budget des familles tunisiennes. Plusieurs pondérations semblent être biaisées telles que celles liées à l’alimentaire (26,2%), le logement (19,0%), la santé (5,8%), le transport (12,7%) et l’enseignement (3,2%) qui n’ont pas été révisées depuis trois décennies.

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut