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Témoignage d’un maire à un autre : Slim Meherzi parle du démissionnaire Taoufik Laribi

Témoignage d’un maire à un autre : Slim Meherzi parle du démissionnaire Taoufik Laribi

J’ai découvert le personnage de Taoufik Laribi, maire de Sousse et vice-président de la Fédération nationale des villes tunisiennes (FNVT), au cours des mes nombreux séjours à Sousse, chef lieux des réunions du « comités des 24 », représentants l’ensemble des maires de nos régions qui les ont mandatés pour préparer les nouveaux statuts de la FNVT, après les premières élections locales libres et transparentes.

Monsieur Taoufik Laribi, avec son sens de l’hospitalité et sa grande délicatesse, était souvent présent pour nous accueillir et s’enquérir de nos conditions de séjour. Il me demandait élégamment, parfois, l’autorisation d’assister à nos réunions, se refusant d’interférer dans notre travail et d’influencer nos débats. Par courtoisie, il m’arrivait de lui donner la parole, la parole d’un « juste » qui nous rappelait l’importance de la FNVT dans le processus d’une décentralisation à la peine, notre devoir d’exemplarité en matière de démocratie directe et la quête d’une réelle représentativité de l’ensemble de nos régions au sein de notre Fédération.

J’apprécie le maire de Sousse, qui par son caractère pondéré a su éviter des divergences entre un bureau directeur désigné et le « comité des 24 » élus au cours de l’assemblée générale extraordinaire du 9 décembre 2018. Dans ce cadre, quand je lui faisais part des « mes inquiétudes », il n’hésitait pas à me rappeler l’importance pour le processus de décentralisation (qui ne plaît pas à certains nostalgiques) d’une nouvelle FNVT, réellement représentative de nos 350 communes.
Son rôle de fédérateur est la juste réalité.

Au cours de la soirée du 22 mai 2019, date de la remise officielle des nouveaux statuts par l’ensemble du « comité des 24 » aux membres du bureau directeur de la FNVT, qui sont mandatés pour appeller à une prochaine assemblée générale extraordinaire dans les 3 mois, l’intervention de Monsieur Taoufik Laribi a été émouvante, appelant au sens des responsabilités de chacun des présents. Il m’a réconforté dans mon impression d’une Tunisie a la fois plurielle et unie.

Au cours de nos conversations informelles, nous discutions souvent de la gestion de nos villes respectives marquée par un quotidien compliqué, de nos rapports avec nos conseillers municipaux, et de l’importance de dépasser les intérêts partisans et personnels afin de réaliser un travail d’équipe essentiel pour porter un « projet de ville » ou il ferait mieux vivre pour l’ensemble de nos administrés. il m’a confié son inquiétude quant aux risques d’interférence entre les questions municipales et la future campagne électorale, la suite lui a donné raison.

Il a plus vite réalisé, comme dans de nombreuses communes, y compris celles de La Marsa, que des visées politiques électoralistes risquent de plomber nos conseils municipaux, au détriment de l’intérêt général. Refusant d’être un pushing-ball, rejetant toute récupération de l’action municipale à des fins autres que celles de servir ses administrés, il a présenté sa démission. Si elle est confirmée, ce serait une grande perte pour le processus de décentralisation dans notre pays. En tant que Maire de La Marsa et Président du « comité des 24 », je souhaite qu’il revienne sur sa décision, pour l’intérêt de Sousse et de ses habitants, pour celui de toutes les communes de notre pays et pour notre engagement commun d’une politique de proximité, véritable socle de notre démocratie naissante.

Certains de nos concitoyens, notamment un bon nombre de nos politiciens, peuvent percevoir mon appel à Si Taoufik Laribi pour qu’il revienne sur sa décision de démissionner, comme bien naïf…mais comme l’exprime si fort, Victor Hugo : « la naïveté est le vrai visage de la vérité ».

Slim Meherzi
Maire de La Marsa,
Président du « comité des 24 » de la FNVT.

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