Une attaque frontale contre l’Algérie
Lors d’une conférence de presse le 28 janvier 2025, Éric Ciotti, leader de l’Union de la droite républicaine (UDR) et allié du Rassemblement national (RN), a violemment attaqué l’Algérie, la qualifiant d’« État voyou » et de « nation délinquante ». Cette déclaration incendiaire survient après le refus des autorités algériennes d’accueillir l’influenceur Doualemn, expulsé par la France début janvier.
En reprenant les termes de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, Ciotti cherche clairement à attiser les tensions diplomatiques, exploitant un incident pour nourrir un discours populiste et agressif envers l’Algérie. Mais le plus préoccupant reste le silence assourdissant des représentants de la diplomatie française, qui n’ont ni condamné ni pris leurs distances face à ces propos.
Une diplomatie française à la dérive
Alors que la France se prétend attachée aux relations internationales fondées sur le respect mutuel, le gouvernement laisse un élu de premier plan délégitimer un partenaire historique sans réagir. Où sont les prises de position officielles de l’Élysée ou du Quai d’Orsay pour désamorcer cette crise ?
L’absence de réponse claire à ces attaques donne l’impression que la diplomatie française cautionne ces dérives verbales. Ce laxisme s’inscrit dans une tendance plus large : un manque de cap dans la gestion des relations avec l’Algérie, oscillant entre provocation et mollesse.
Une instrumentalisation politique de la crise migratoire
L’affaire Doualemn n’est qu’un prétexte pour justifier cette sortie médiatique. En vérité, Ciotti et Retailleau cherchent à instrumentaliser la question migratoire pour alimenter un climat de suspicion et de rejet vis-à-vis de l’Algérie.
Accuser un pays de « vouloir humilier la France », comme l’a fait Ciotti, relève d’une stratégie politique dangereuse qui vise à détourner l’attention des problèmes internes : insécurité, crise sociale, perte de confiance dans les institutions.
De plus, en demandant plus de fermeté, tout en critiquant l’inaction du gouvernement, Ciotti alimente un débat où l’Algérie devient un bouc émissaire commode dans les tensions internes françaises.
Un discours qui menace les relations franco-algériennes
L’Algérie reste un acteur incontournable dans la région, notamment en matière de sécurité, de coopération économique et de gestion des flux migratoires. Entretenir de telles tensions diplomatiques avec Alger ne fait que fragiliser des relations déjà marquées par des décennies d’instabilité et de rancœurs historiques.
Si la France veut préserver son influence et ses intérêts en Afrique du Nord, elle ne peut se permettre de laisser des responsables politiques multiplier les provocations sans en mesurer les conséquences.
L’absence de réaction officielle face aux déclarations de Ciotti envoie un mauvais signal et pourrait entraîner des mesures de rétorsion de la part de l’Algérie.
Une diplomatie à réinventer face aux dérives populistes
L’affaire illustre un problème plus large : la fragilisation de la diplomatie française face aux surenchères populistes. Aujourd’hui, n’importe quel élu peut insulter un pays souverain sans provoquer la moindre réaction officielle.
La question est donc simple : la France veut-elle continuer à nourrir un climat conflictuel avec l’Algérie, au risque d’aggraver des tensions inutiles ? Si Paris veut réellement se positionner en acteur responsable et crédible sur la scène internationale, il est urgent que ses représentants mettent un terme à ce laisser-faire dangereux.
À trop jouer avec le feu, la France risque de se retrouver piégée dans ses propres contradictions diplomatiques.
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