Diaspora

Tensions franco-algériennes : la visite d’un député français fait polémique

La récente visite du député français Sébastien Delogu en Algérie, du 26 au 30 juin 2025, continue de susciter un tumulte politique de grande ampleur en France.

À l’origine de cette controverse : des déclarations critiques tenues par l’élu de La France Insoumise sur la chaîne Canal Algérie, visant à la fois le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, les médias français, et le climat hostile envers l’Algérie.

Delogu y a dénoncé un « acharnement contre le peuple algérien », pointant du doigt les « médias bolorisés » accusés de propager un discours « raciste et colonialiste ». Il a également plaidé pour un dialogue respectueux entre les deux peuples, appelant à « parler d’égal à égal ».

Condamnations en Algérie : le contexte brûlant

Cette sortie intervient dans un climat déjà tendu entre Paris et Alger. Deux affaires ont ravivé les tensions bilatérales : la confirmation en appel de la peine de cinq ans de prison contre l’écrivain algérien Boualem Sansal, et la condamnation à sept ans de réclusion du journaliste sportif français Christophe Gleizes pour « apologie du terrorisme ».

Ces décisions de justice ont provoqué des remous en France, surtout dans les milieux politiques et médiatiques. Le silence de Delogu sur ces dossiers a été perçu comme un manque de solidarité par certains commentateurs, notamment à l’extrême droite.

Une cible de l’extrême droite et des critiques internes

De retour à Paris, le député Delogu fait face à une offensive virulente. Qualifié de « Français de papiers » par certains de ses opposants, il est accusé de manquer de loyauté envers la République. Les propos tenus en Algérie ont également mis en difficulté son propre camp.

La France Insoumise a rapidement publié un communiqué de clarification, prenant ses distances avec les positions de Delogu : « Le député Sébastien Delogu s’est exprimé de façon personnelle en Algérie. Il n’engage ni les groupes parlementaires de la France Insoumise, ni le mouvement », a précisé le parti de Jean-Luc Mélenchon.

Ce désaveu partiel révèle l’embarras au sein de LFI, déjà confrontée à des divisions internes sur les questions de diplomatie, d’immigration, et de mémoire coloniale.

Un discours qui interroge la liberté d’expression et les tabous historiques

La prise de parole de Sébastien Delogu soulève néanmoins un débat plus large sur la mémoire coloniale, la liberté d’expression en politique étrangère, et les relations parfois ambivalentes entre la France et l’Algérie.

À travers son intervention, le député met en lumière une réalité souvent occultée dans le débat public français : une partie de la population, issue de l’immigration post-coloniale, appelle à une redéfinition des relations internationales fondées sur le respect mutuel. Mais cette parole est-elle entendue ou systématiquement marginalisée ?

Ainsi, l’affaire Delogu illustre la fragilité du dialogue franco-algérien et la difficulté, pour certains responsables politiques français, de porter une voix alternative sans s’exposer à une avalanche de critiques.

Dans un climat politique crispé, où les symboles pèsent lourd, cette visite soulève une question fondamentale : la France est-elle prête à écouter des discours qui brisent les silences et interrogent son passé colonial ?

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