Economie

Transport et logistique en Tunisie: Une réforme s’impose face aux défis

Partager

Le secteur du transport et de la logistique en Tunisie est crucial pour le développement économique et social du pays.

Malgré son importance, ce secteur est confronté à plusieurs défis majeurs, notamment des infrastructures insuffisantes et vétustes, des financements inadéquats et un manque de réformes effectives. Ces obstacles entravent le développement économique et social de la Tunisie.

Composition et importance du secteur

Le secteur du transport en Tunisie est diversifié, englobant plusieurs sous-secteurs :

Transport routier :

Le transport routier est le mode de transport dominant en Tunisie, tant pour le transport de passagers que pour le transport de marchandises. Environ 70% à 80% des marchandises et des passagers sont transportés par route.

Transport ferroviaire :

Le transport ferroviaire représente une part beaucoup plus modeste du marché. Il est estimé à environ 3% à 5% pour le transport de passagers et de marchandises.

Transport par conduite :

Le transport par conduite, principalement les pipelines pour le transport de pétrole et de gaz, a également une part modeste. Il est difficile de donner une estimation précise, mais cela pourrait représenter moins de 5% du transport total en volume.

Transport maritime :

Le transport maritime joue un rôle crucial pour le commerce extérieur. Environ 90% des échanges commerciaux de la Tunisie se font par voie maritime. Cependant, en termes de volume total de transport (incluant les transports intérieurs), sa part serait autour de 10% à 15%.

Transport aérien :

Le transport aérien est principalement utilisé pour le transport de passagers et le fret de haute valeur ou urgent. Sa part est estimée à environ 5% à 10% pour les passagers et une part très faible pour les marchandises en volume, mais plus élevée en termes de valeur.

En 2020, le secteur du transport représentait environ 5% du PIB tunisien, une baisse par rapport à 8,6% en 2010. La valeur ajoutée brute (VAB) du secteur a affiché un taux de croissance annuel de 4,3%, atteignant un pic de 5,9 milliards de dinars en 2016. Cependant, la part du secteur dans le PIB a chuté progressivement indiquant une diminution relative de son importance économique.

Problèmes et défis

Le secteur du transport en Tunisie souffre de plusieurs problèmes majeurs qui entravent son efficacité et sa capacité à répondre aux besoins économiques du pays. Tout d’abord, les infrastructures de transport sont souvent insuffisantes et vétustes. Elles sont mal adaptées aux exigences modernes et ne sont pas suffisamment entretenues, ce qui limite gravement les performances du secteur.

Un autre défi significatif est le manque de financements adéquats. Les ressources financières pour moderniser et développer les infrastructures de transport sont insuffisantes, tant du côté des investissements publics que privés.

Cette pénurie de fonds constitue un obstacle majeur à la croissance durable du secteur, empêchant la réalisation de projets nécessaires pour son amélioration. Le transport est le secteur qui consomme le plus d’énergie en Tunisie, avec 36% du total de l’énergie finale, dont 90% de la consommation revient au secteur routier à lui seul. Le transport consomme plus de 55% de la des produits pétroliers. D’un autre côté, il représente un fort potentiel d’économie d’énergie qui peut atteindre 25% d’ici 2030.

Emploi et croissance

Malgré ces défis, le secteur du transport tunisien continue de créer des emplois, avec un taux de croissance annuel moyen de 4,6 % depuis 2006. Le nombre d’entreprises privées dans le secteur du transport et du stockage est passé de 55 000 en 2001 à presque le double, selon les dernières statistiques actualisées.

Cependant, l’augmentation de la valeur ajoutée ne correspond pas à la hausse du nombre d’emplois et d’entreprises, ce qui signifie que les nouvelles entreprises sont souvent de petite taille et n’embauchent pas beaucoup d’employés. De nombreuses entreprises fonctionnent sans employer de personnel, ce qui reflète une fragmentation du secteur et une faible productivité.

Productivité et taille des entreprises

La productivité du travail par personne employée a reculé de 20% pendant la crise de 2010-2011, puis a stagné pendant les trois années suivantes avant d’afficher une hausse de 5%. Cette variation de la productivité indique une instabilité et une inefficacité dans le secteur, accentuées par la petite taille des entreprises et un manque d’innovation et de modernisation.

Le secteur du transport et de la logistique en Tunisie est à un carrefour crucial. Les défis actuels nécessitent une action concertée et des investissements substantiels pour moderniser les infrastructures et améliorer la gouvernance. Les initiatives du gouvernement pour restructurer le secteur sont des pas dans la bonne direction, mais elles doivent être soutenues par des efforts continus et une collaboration entre les acteurs publics et privés pour garantir un développement économique et social durable.

Laissez un commentaire
Publié par
Mohamed Ben Abderrazek