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Transtu : Malgré un salaire mensuel moyen brut de 2765 dinars, on a fait la grève pour une « prime »

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Hier lundi 2 janvier 2023, journée de la rentrée et premier jour du nouvel an, les agents de la Transtu ont choisi de faire une grève qui a paralysé la capitale. Une grève dans le transport public correspond le plus souvent à une grève générale déguisée.

Le prétexte de la grève est le non-paiement des salaires de décembre, chose qui a été démentie par la direction de la société qui a assuré leurs versements aux comptes de tous les employés vendredi 30 décembre contraient à ce qui a été par les parties sociales.

Situation choquante

La vraie raison de la grève est plutôt le non-versement d’une prime spécifique objet d’un accord qui remonte à une longue période avec les autorités de tutelle et dont la valeur est estimée à 16 millions de dinars (MD).

C’est pour cette raison injustifiée et d’autres liées à des tiraillements pour des considérations non professionnelles que la population du Grand Tunis a été prise en otage par les agents de Transtu.

Jetons un coup d’œil sur la situation financière et sociale des agentes de cette société d’après son dernier rapport d’activité et ses états financiers publiés au titre de l’exercice 2018.

Au fait, le total des charges de l’exercice 2018 a atteint 402,2 MD, contre 387,1 en 2017. Cet écart de 15,1 MD est dû principalement à l’augmentation des charges du personnel de 15,7 MD passant de 239,4 MD en 2017 à 255,1 MD en 2018 (+6,6%). Tandis que le total des produits de l’exercice après modifications comptables a été de 242,1 MD en 2018, contre 350,9 MD en 2017 en diminution de 108,8 MD.

Ainsi, le résultat de l’exercice 2018 (après modifications comptables) a été négatif de 160,1 MD, contre 36,2 MD en 2017, soit une augmentation des pertes de 123,9 MD. Hors l’effet des modifications comptables, le résultat de l’exercice est négatif de 192,3 MD.

L’effectif de la société, d’après les chiffres divulgués, est de 7688 employés dont 3693 employés de mouvement (conducteurs, guichetiers, contrôleurs, etc.) alors que l’effectif administratif est de 2956 employés.

Le sureffectif est plus que flagrant sachant que la flotte d’autobus est de seulement 239 véhicules actuellement et que le nombre de rames de métro ne dépasse pas 15 rames.

Toutefois, la société enregistre d’après son dernier rapport d’activité annuel 137 mille jours d’absence et 1,5 million d’heures supplémentaires.

Le salaire mensuel moyen brut par employé est de 2765 dinars, révèlent les données comptables ce qui dépasse de loin le salaire d’un directeur à la fonction publique ou d’un assistant universitaire.

Une grève politique par excellence

Le président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH), Bassem Trifi, a révélé mardi 27 décembre 2022 aux médias locaux, que l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), et l’Ordre national des avocats de Tunisie (Onat) et la LTDH envisagent de lancer une initiative politique, économique et sociale pour sortir le pays de la crise. 

Selon Trifi, cette initiative prendra la forme d’un dialogue national qui réunira d’autres organisations nationales et composantes de la société civile. Il a indiqué que les grandes lignes de cette initiative seraient élaborées dans le cadre des prochaines réunions prévues entre l’UGTT, l’ONAT et la LTDH dans un esprit participatif et en vue d’aboutir à une feuille de route qui serait proposée au peuple tunisien pour mettre fin à la crise actuelle.

Des observateurs estiment que bien que les syndicats confirment que la décision de faire grève est purement apolitique, cette grève coïncide avec des critiques adressées au président Kais Saied, par ses opposants qui l’accusent de monopoliser le pouvoir dans le pays depuis le 25 juillet et de les exclure d’un dialogue national censé aboutir à des réformes politiques et économiques dont l’UGTT et ses alliés joueront un rôle crucial.

Via cette grève générale déguisée, l’UGTT et ses alliés voudraient pousser le Président de la République à s’ouvrir au dialogue.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek