Economie

Trêve sociale en vue : Accords salariaux au seuil minimum

Partager

La Tunisie se dirige vers une trêve où les revendications sociales pourraient cesser pendant trois ans, suite à la signature par le gouvernement de Najla Bouden d’un accord avec l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) pour augmenter les salaires de 680 mille employés du secteur public ainsi que le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG).

Le jeudi 15 septembre 2022, la centrale syndicale a signé un accord avec le gouvernement ayant pour objet l’augmentation des salaires au secteur public ainsi que le SMIG, ce qui garantit des augmentations au profit des employés des établissements et entreprises publiques estimées à 5% qui seront versées en tranches sur trois ans, tandis que les fonctionnaires de l’Etat percevront des augmentations, selon les catégories, variant entre 74 et 300 dinars versables en trois tranches égales à partir d’octobre 2022, janvier 2024 puis en janvier 2025.

Accord au seuil minimum

L’accord du jeudi 15 septembre, dont les négociations ont été au point mort à maintes reprises, a abouti après de longues sessions de dialogue entre la centrale syndicale et le gouvernement. Cependant, celui-ci est au fait un accord du seuil minimum en raison du faible taux de l’augmentation sachant les accords salariaux n’étaient jamais au-dessous d’un plancher de 6% notamment ceux signés en 2017 et 2019.

En outre, le document de l’accord comporte un engagement ferme du syndicat pour ne pas exiger d’augmentations salariales sur les années 2023, 2024 et 2025, ce qui signifie que l’UGTT a accepté explicitement une trêve sociale.

Depuis l’annonce de l’acceptation de l’accord gouvernemental, le secrétaire général de la centrale syndicale, Noureddine Taboubi, a déclaré que l’intérêt suprême du pays devait être mis en priorité, soulignant sa volonté de déployer tous les efforts afin de trouver des solutions à la crise que traverse le pays, en surmontant les difficultés d’approvisionnement des produits alimentaires, en améliorant les conditions de vie des différentes couches sociales et en dynamisant le climat des affaires pour les investisseurs.

Tous les éléments de succès en Tunisie sont réunis, a déclaré Taboubi, soulignant que des efforts concertés aident le pays à surmonter sa crise. Le porte-parole du gouvernement, Nasreddine Nsibi, a déclaré de sa part que le coût de l’accord d’augmentation salariale serait d’environ 600 millions de dinars par an, soit environ 190 millions d’euros sur 3 ans.

Nsibi a estimé que la signature de l’accord de l’augmentation des salaires est nécessaire pour améliorer le pouvoir d’achat des citoyens et créer un environnement de paix sociale qui sera déterminant dans les décisions de plusieurs parties voulant investir en Tunisie. Il a ajouté que le gouvernement a essayé de parvenir à un accord avec l’UGTT dans les limites de ses moyens budgétaires sans que les augmentations n’entraînent une réduction des allocations destinées à l’investissement.

Prêt du FMI

Les dépenses salariales en Tunisie ont atteint un niveau record en 2022, à environ 15,6% du PIB, contre 10% en 2010, ce qui a causé la baisse des allocations budgétaires destinées aux investissements publics de développement.

L’accord salarial entre le gouvernement et l’UGTT, la réforme des subventions et la restructuration des entreprises publiques sont considérés comme des ajustements structurels nécessaires pour obtenir un prêt du Fonds monétaire international, ce qui pourrait à son tour ouvrir la porte à davantage de dettes extérieures. Fitch Ratings a déclaré vendredi dernier que l’accord salarial conclu jeudi en Tunisie augmenterait la probabilité de parvenir à un accord avec le Fonds monétaire international sur un nouveau prêt.

Le porte-parole du gouvernement, Nasreddine Nsibi, a indiqué que la Tunisie espérait parvenir à un accord avec le Fonds avant la fin du mois prochain, après avoir conclu l’accord en précisant que « l’équipe de négociation était en contact tout au long de la journée de vendredi 16 septembre 2022 avec le FMI concernant les termes définitifs de l’accord », ajoutant « nous espérons parvenir à un accord avec le fonds avant la fin du mois prochain afin que la Tunisie puisse remplir toutes ses obligations, y compris l’approvisionnement en produits alimentaires et énergétiques, le paiement des salaires et le règlement du service de la dette ».

Les négociations avec le Fonds imposent des contraintes en Tunisie, ce qui explique l’acceptation de la centrale syndicale d’une augmentation largement inférieure à la spirale de l’inflation attendue.

Cependant, la solution pour sortir de la boule de neige reste la création de la richesse et sa répartition entre les tunisiens, au lieu de la distribution générale de la pauvreté et la misère.

Laissez un commentaire
Publié par
Mohamed Ben Abderrazek
Tags: FMI