Par Taieb Houidi
Aujourd’hui, le maître mot, difficile à accepter, c’est «démocratie», dans la mesure où nous n’y sommes pas encore habitués. Du temps de la dictature, tout le monde se plaignait, en rasant les murs, du manque de démocratie, de liberté… Aujourd’hui, nous devrions accepter que la démocratie ouvre le champ à toutes les ambitions. Regardez Trump que Obama traitait avec un humour méprisant en disant : « Trump est fort en diplomatie, il connait miss Venezuela, miss Australie, miss Indonésie… ». Puis les américains ont fait un choix démocratique en la personne de Trump. Sa morale, son ambition, ses coups tordus, aussi condamnables qu’ils soient, trouvent leur légitimité dans le vote populaire. Tout le reste est verbiage si on accepte la démocratie telle qu’elle est comprise aujourd’hui (je ne parle pas des temps anciens).
Lorsque nous accepterons l’idée que le marchand de fruits du coin peut aspirer à être député ou président (à condition que le peuple l’accepte par les urnes), nous ferons un pas de plus vers la démocratie.
À ce moment-là, aurons-nous le droit de dire si cette personne a eu une «ambition démesurée» et si elle mérite cette place car elle devrait rester cantonnée dans la «classe inférieure»? Aurons nous le droit de dire que du temps de la dictature cette personne ne parlait pas et qu’aujourd’hui elle devrait refouler ses ambitions?
Pouvons-nous l’accuser d’opportunisme et nous draper dans notre statut de « personnes éclairées qui n’ont pas perdu leur âme»?
Aurons-nous le droit de dire que cette personne collaborait avec « l’ancien régime pestiféré », alors que la majeure partie des tunisiens le faisait directement ou indirectement, même en percevant un salaire de l’Administration de ce « régime honni »? Malheureusement ou heureusement, le réalisme politique est aujourd’hui une composante majeure dont il faut impérativement tenir compte.
Et dans ma compréhension, le réalisme n’empêche pas le patriotisme, l’honnêteté, le sens du devoir et la droiture.
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