La guerre actuelle qui oppose Israël à l’Iran depuis le 15 juin 2025 n’a pas seulement marqué une escalade militaire sans précédent au Moyen-Orient, il a aussi creusé un gouffre financier inédit dans l’histoire récente d’Israël.
Selon des données rendues publiques par d’anciens hauts responsables militaires israéliens, les trois à quatre jours d’échange de frappes avec l’Iran ont coûté à Israël davantage que deux ans de guerre cumulative contre le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban.
Un coût journalier hors normes
Selon le général Re’em Aminach, ex-conseiller financier de Tsahal, le coût direct de la guerre contre l’Iran s’est élevé à environ 2,75 milliards de shekels par jour, soit près de 725 millions de dollars/jour. Pour les deux premiers jours du conflit, les dépenses totales auraient déjà atteint 5,5 milliards de shekels (1,45 milliard de dollars).
Ces chiffres incluent à la fois :
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les frappes offensives (≈ 593 millions de dollars),
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les systèmes de défense (Dôme de fer, frégates, Arrow 3),
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la mobilisation de milliers de réservistes et les dépenses logistiques annexes.
À titre de comparaison, lors des opérations contre Gaza et le Hezbollah entre 2023 et 2025, le coût journalier moyen ne dépassait pas 246 millions de dollars, avec un coût cumulé sur deux ans estimé entre 50 et 67 milliards de dollars, selon les chiffres du ministère des Finances israélien et de la Banque d’Israël.
Missiles, drones et technologie : des dépenses de guerre asymétrique
Le conflit avec l’Iran a exposé Israël à un niveau de menace rarement atteint. Téhéran aurait lancé au moins 20 missiles balistiques à moyenne portée, ainsi qu’une pluie de drones armés à longue portée, nécessitant une mobilisation immédiate et coûteuse de la quasi-totalité de la défense aérienne nationale.
Chaque interception par les systèmes comme le Dôme de fer (Iron Dome) ou Arrow 3 coûte entre 50 000 et 3 millions de dollars, selon le type de projectile intercepté. Sur trois jours, ce seul aspect de la guerre représente des centaines de millions de dollars de dépenses.
À cela s’ajoutent les dommages directs sur les infrastructures civiles et industrielles, notamment dans la région de Sharon, où plusieurs incendies ont été signalés à Tel Aviv, et dans le nord du pays, également touché par des missiles.
Un conflit au coût durable
Le contraste est saisissant : en trois jours, Israël a absorbé un choc budgétaire équivalent à plusieurs mois de guerre à Gaza, mais sans en maîtriser pour autant les conséquences politiques ou militaires. Cette guerre avec l’Iran marque une rupture qualitative à plusieurs niveaux :
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Changement d’échelle : L’Iran, puissance régionale, possède une capacité balistique, cybernétique et stratégique très supérieure à celle des groupes armés comme le Hamas ou le Hezbollah. La riposte doit donc être lourde, sophistiquée, et donc coûteuse.
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Effet de saturation des défenses : Le Dôme de fer a montré ses limites face à une salve massive et coordonnée de missiles et drones. La nécessité de hiérarchiser les cibles à intercepter impose une révision urgente des doctrines défensives israéliennes.
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Choc économique latent : Si le coût militaire est déjà très élevé, les coûts indirects (interruption d’activités économiques, hausse des primes d’assurance, baisse des investissements) ne sont pas encore pleinement évalués. Ils pourraient prolonger les effets financiers du conflit bien au-delà de sa durée effective.
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Pression sur le front intérieur : En mobilisant massivement les réservistes et en imposant des confinements dans certaines régions, le gouvernement israélien expose l’économie nationale à un ralentissement brutal, dans un contexte où l’opinion publique est déjà fragilisée par des mois de guerre au sud et au nord.
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Nouveau paradigme régional : Ce conflit préfigure l’entrée dans une ère de confrontations interétatiques asymétriques, où la technologie offensive et défensive redéfinit les équilibres, mais à un coût que peu de nations peuvent supporter longtemps.
Ainsi, la guerre entre Israël et l’Iran confirme une réalité stratégique : le prix d’une guerre d’État à État en 2025 est exponentiel, à la fois en moyens financiers, en pressions politiques et en vulnérabilité civile.
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