Donald Trump a encore fait… du Donald Trump. Tout le monde se demandait ce que le président américain élu était venu faire à la cérémonie de réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, alors que les moeurs dissolues du républicain sont très loin des canons bibliques, alors qu’il n’aime pas spécialement la capitale française et ses hauts lieux culturels (ce que les Parisiens ont retenu de sa visite en 2018 c’est son inculture) et il aime encore moins le président Emmanuel Macron, à qui il a vertement reproché en avril 2023 de s’être rendu en Chine…
Maintenant on le sait : ce n’est pas le “Chrétien” Trump qui était à Paris
Quand Trump est entré dans la cathédrale bondée samedi dernier les invités de Macron n’avaient d’yeux que pour le président américain, il était donc venu pour ça : pour impressionner la galerie, pour dire au monde entier que “son Maître” est revenu à la Maison Blanche. Quoi de mieux que la ville lumière, la ville la plus visitée de la planète, pour planter le nouveau décor et donner le tempo de l’après-Biden ? Mais un autre événement auquel personne ne s’attendait fait jaser : l’exploitation illicite de l’image de la Première dame américaine, Jill Biden, pour commercialiser un parfum. Trump a osé.
L’échange entre Trump et Mme Biden à Paris a été bref mais très courtois, l’image a plu et a été abondamment reprise par les médias du monde entier. Comme moment de grâce pour solder les combats épiques entre le républicain et le président sortant c’était parfait. C’était la belle histoire que tout le monde avait envie de retenir, comme un conte de fée. C’était sans compter sur la nature prédatrice du républicain. Le lendemain de la petite discussion avec Jill Biden l’affairisme de Trump est revenu au galop : il a annoncé sur ses réseaux sociaux la sortie d’une nouvelle gamme de parfums et eaux de Cologne.
Le président des Etats-Unis d’Amérique qui vend des parfums portant son nom, on est déjà au-delà de ce qui est éthiquement concevable, même au pays de l’agent roi ; mais qu’en plus il détourne la photo d’une Première dame pour en faire la promotion ça dépasse toutes les limites de la bienséance. «Un parfum auquel vos ennemis ne peuvent résister», vante l’affiche publicitaire. La gamme, baptisée «Fight, Fight, Fight» («Combat, combat, combat»), fait allusion à la tentative de meurtre à Butler (Pennsylvanie) en juillet dernier.
L’offre contient un parfum proposé à 199 dollars (188 euros) l’unité et 298 dollars (282 euros) les deux flacons, a indiqué “USA Today”. Trump continue de faire fructifier, sans la moindre vergogne, la dynamique marchande née de sa large victoire à l’élection du 5 novembre dernier. Il y a eu le «Trump Crypto President» et les chaussures «First Lady», à 299 dollars (283 euros), ou encore le parfum «Victory» («Victoire») à 119 dollars (112 euros) et maintenant la gamme de parfums, qui certainement s’écoulera comme des petits pains.
Le républicain a récidivé après les bonnes affaires de 2016
Trump n’en est pas à sa première incursion dans cet affairisme plus que répréhensible moralement, lors de sa première élection en 2016 des produits utilisant l’image ou le nom du président avaient déjà été commercialisés. Mais ils avaient été décriés parce qu’estampillés étranger, notamment la Chine, principal adversaire économique des USA. Jusqu’ici on ne sait rien de l’origine de la fournée vendue en 2024, mais ça ne dégonfle en rien la politique sur le mélange sans précédent entre les affaires publiques et le business privé de Trump…
Certes ses enfants ont officiellement pris les rênes de l’entreprise familiale, mais personne ne peut donner l’assurance que la main du président n’est pas derrière ces produits. Le fait est que ce type est capable de tout vendre ! «Je pense que c’est un problème. Mais il n’y a aucun moyen d’empêcher le président de vendre des guitares, des bibles et des parfums», a confié Richard Painter, avocat de l’ancien président George W. Bush spécialisé dans les sujets d’éthique à la Maison-Blanche.
Et que fait la Justice, celle-là même qui a fermé les yeux sur l’achat de voix assumé publiquement par le mécène de la campagne électorale de Trump, le milliardaire Elon Musk ? Rien. Que dire quand les avocats du républicain s’installeront dans les postes clés au ministère de la Justice. Clairement l’exploitation de la photo de Jill Biden à des fins promotionnelles viole le droit à l’image. Théoriquement la Première dame pourrait traîner le républicain en justice…
Mais si le président élu n’a pas été condamné pour ses affaires scabreuses avec une star du X, alors que la Justice l’a déclaré coupable, vous imaginez bien ce que les tribunaux feraient de la plainte de Mme Biden. Par ailleurs Trump peut brandir la liberté d’expression garantie par la Constitution américaine. «Le contenu de ce message mélange l’humour et la politique», commente Reid Kress Weisbord, professeur de droit à l’université Rutgers.
A noter que jusqu’ici Jill Biden n’a pas pipé mot sur cette affaire. Elle s’est certainement dit qu’il valait mieux mettre son énergie dans un autre combat qu’elle est certaine de gagner.
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