Cette invitation à elle seule en dit beaucoup sur les intentions du président américain Donald Trump : il va secouer le cocotier européen – pas que lui d’ailleurs – et ça fera de sacrés dégâts. Le républicain, flanqué de son ami qui promeut l’internationale de l’extrême droite, le milliardaire Elon Musk, a invité Éric Zemmour et sa compagne Sarah Knafo à son investiture, des invités d’honneur, je précise. Mieux : ce sont les premières personnalités françaises officiellement conviées par le prochain locataire de la Maison Blanche. Invités avant même le président de la République, Emmanuel Macron. Tout un symbole…
Zemmour est écrasé en France mais à Washington il sera Roi
L’information a été livrée par Politico mercredi 8 janvier et les principaux intéressés l’ont confirmée sur le compte X officiel dans l’après midi. Les chefs de file du parti Reconquête! ne cachent pas leur joie. Zemmour a certes été écrabouillé à la présidentielle (avec 7,3% des voix) et aux législatives de 2022 (il n’a même pas pu décrocher un siège de député) mais à Washington il sera Roi. Une sacrée revanche sur l’establishment politique français.
«C’est la possibilité de créer des liens avec la personne à la tête de la première puissance mondiale, on ne va pas s’en priver…», s’enflamme un cadre du mouvement de Zemmour. Ce dernier avait clamé en 2022 que Trump lui avait prodigué des conseils pour briller à l’élection, le moins qu’on puisse dire est que la recette n’a pas fonctionné. Toutefois cette invitation conforte l’idée que le président américain a des accointances avec l’extrême droite française. Du moins il a l’intention de s’en servir pour agiter l’Europe.
Quant à Mme Knafo, l’unique députée européenne de son parti, elle n’a jamais fait mystère de sa proximité idéologique avec le républicain élu le 5 novembre 2024. L’été dernier on l’a vue à Claremont Institute, un think tank américain qui a une étroite relation avec les cercles de Trump. Ce n’est pas tout, la compagne de Zemmour était la seule Européenne à prendre part à une cérémonie en hommage aux morts du 7 Octobre 2023 en Israël. Une commémoration organisée en Floride en présence de Trump.
Cela explique pourquoi le président américain a invité le couple le plus sulfureux du paysage politique français et pas Marine Le Pen, la patronne du Rassemblement national (RN). Peut-être que Trump la juge trop tiède, trop timorée, il préfère peut-être les outrances de Zemmour et Knafo. Rappelons que le premier est un anti-migrants, un xénophobe et un islamophobe notoires. Il a d’ailleurs été condamné par la Cour de cassation en février 2023, pour injures publiques et provocation à la haine raciale.
Et que dire de ses diatribes anti-algériennes, d’ailleurs copieusement relayées par sa compagne et qui lui ont valu une plainte de la part de l’Etat algérien, pour “pour diffusion de fake news”. La Justice française n’a pas suivi, un dossier qui s’ajoute aux lourds contentieux entre Paris et Alger. Ce sont ces sombres personnages que Trump a invités chez lui ce 20 janvier.
Musk l’a fait en Italie, au Royaume-Uni et en Allemagne, Trump entame la France
Elon Musk avait fait le voyage en Italie en décembre 2023 pour manifester sa proximité avec le gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni. En décembre dernier le milliardaire a invité chez lui le porte-voix de l’extrême droite britannique, qu’il veut financer et il a pactisé avec le parti xénophobe allemand, l’AfD (Alternative für Deutschland). Le président américain vient d’ajouter une autre brique française à l’édifice qu’il veut monter partout dans le monde.
Quid de Marine Le Pen, à qui les sondages président un triomphe – si elle n’est pas stoppée par son boulet judiciaire – à la présidentielle de 2027 ? Officiellement Trump ne l’a pas encore invitée, ça viendra peut-être… ou pas. En tout cas l’affaire embarrasse le RN ; le déplacement n’est «pas dans les tuyaux» dit l’entourage de Mme Le Pen, quand le vice-président Louis Aliot dit «on y songe». Ce qu’on a compris dans ces propos sibyllins c’est qu’ils aimeraient bien être à la Maison Blanche et qu’ils attendent le carton d’invitation, même s’ils encaissent difficilement le fait de passer après le “loser” Zemmour.
Reste l’énigme Macron. Le moins qu’on puisse dire est que le président américain n’a pas renvoyé l’ascenseur à son homologue français. En effet Trump avait été l’invité vedette de la réouverture de Notre-Dame de Paris, installé au premier rang, à côté du chef de l’Etat alors qu’il n’était pas encore entré en fonction. Après tout ça le républicain a osé inviter ces sombres personnages avant Macron. Mais on sait aussi qu’en diplomatie tout acte posé a une signification, là en l’occurrence le signal émis par Washington est très mauvais pour Paris.
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