De tous les pays de l’Union européenne (UE) c’est sans doute l’Allemagne qui est le plus terrifiée par la Russie de Vladimir Poutine et ses prétendues armes nucléaires apocalyptiques. Alors quand le président américain Donald Trump menace d’enlever aux Européens leur bouclier – l’OTAN – s’ils ne font pas monter leurs dépenses militaires à 5% de leurs PIB c’est littéralement la panique à Berlin. Trump installera ses quartiers ce 20 janvier mais ça s’agite déjà dans les chancelleries européennes et pas peu…
Trump revient hanter l’Allemagne
Le président américain a tenu ces propos hier mardi 7 septembre. Durant son premier mandat il avait obligé les membres de l’Alliance à consacrer 2% de leurs richesses nationales aux équipements militaires, armes essentiellement fournies par les USA. Avec Trump le business et le profit ne sont jamais loin, il est ainsi fait. En février 2024, donc bien avant son élection, il avait annoncé la couleur en menaçant de laisser ses partenaires européens seuls face à l’ogre russe, s’ils ne payaient pas plus pour leur défense. Le républicain a deux qualités, si on peut dire : il fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait.
Bon, ça ne nous dit pas si tout ça va dans le sens des intérêts de ses partenaires étrangers, et puis de toute manière pour Trump c’est l’Amérique d’abord et au diable tout le reste. Et les Allemands, même protégés par les Américains – ils ont installé dans le pays une imposante base militaire –, savent pertinemment que le républicain n’aura pas la même magnanimité que le président Joe Biden, un démocrate.
Trump durant son premier mandat tirait copieusement sur l’Allemagne au motif que ses dépenses militaires sont en-deçà de ses attentes, à présent Berlin affiche 2% de son PIB, comme le voulait le président américain. Et même mieux – ou pire : 5 jours après l’incursion des chars en russes en Ukraine le chancelier Olaf Scholz a annoncé un budget colossal de 100 milliards d’euros pour réarmer l’Allemagne après des décennies de pacifisme. Tout en sachant que le gros du paquet est dévolu à des achats aux Etats-Unis, pas en France. Ce sont là les limites du couple franco-allemand.
Mais tout ça ne suffit plus à Trump, il en veut davantage sinon fini la protection des «mollassons» européens, qu’ils se dépatouillent tous seuls avec Moscou. Sauf que la 1e économie européenne et 3e mondiale a laissé beaucoup de plumes dans la crise que traverse son économie, principalement l’industrie, elle-même engendrée par la fin des hydrocarbures russes bradés. Le porte-parole de Scholz a éludé les questions de RFI ce mercredi en arguant que la requête de Trump sera examinée au sein de l’OTAN…
Mais personne n’est dupe, de toute évidence le chancelier a déjà une pression folle sur les épaules, que dire après l’investiture de Trump ce 20 janvier. Scholz qui, rappelons-le, essuie l’une des pires crises économiques et politiques de l’histoire de l’Allemagne, au point qu’il a perdu sa majorité parlementaire et devra convoquer des élections anticipées le mois prochain. Les candidats à la chancellerie s’étripent déjà sur l’affaire Trump.
Macron a averti dès décembre 2021, la facture sera salée
La tête de lice des Verts pour les prochaines législatives, le ministre de l’Économie Robert Habeck, a défendu dans un entretien avec le “Spiegel” l’idée d’un budget défense porté à 3,5% du produit intérieur brut. «Nous devons dépenser presque deux fois plus pour notre défense pour que Poutine n’ose pas nous attaquer», a plaidé le ministre, soucieux d’«empêcher de nouvelles guerres». L’écologiste a accusé Scholz d’avoir dépouillé l’armée quand les sociaux-démocrates gouvernaient avec Angela Merkel.
Le chancelier a répliqué sèchement à son adjoint : «L’idée me semble quelque peu insuffisamment mûrie (…). Quasiment doubler à nouveau le budget de la défense, le faisant passer de près de 80 milliards d’euros à 140 milliards d’euros, sans dire vers quoi cet argent sera fléché et d’où il viendra. Qui paiera l’addition ? Les citoyens ?», a interrogé le chef du gouvernement dans une interview avec la magazine “Stern”.
Le SPD, qui se cramponne à son pacifisme traditionnel, plus que les Verts, a fustigé les demandes Trump : «C’est de la folie. Nous n’avons pas besoin de plus, mais de moins d’armes», a clamé un responsable social-démocrate. À droite, libéraux et chrétiens-démocrates sont moins irrités par les exigences américaines mais sont d’avis qu’elles sont exagérées.
Alors l’Allemagne bougera-t-elle sous les coups de boutoir de Trump ? Bougera pas ? L’avenir nous le dira. Ce qui est certain c’est que le fonds spécial de 100 milliards d’euros dégagé pour réarmer le pays est bientôt à sec. Mais la 2e économie de l’UE, la France, aura exactement le même problème face aux exigences de Trump, même si Paris a déjà programmé des centaines de milliards d’euros pour se requinquer militairement…
Idem pour la 3e économie de l’UE, l’Italie, en dépit de l’offensive de charme de la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni chez Trump le 5 janvier. Le président français, Emmanuel Macron, a bataillé en décembre 2021 pour monter une défense européenne autonome, capable de régler ses problèmes sans les USA, personne – surtout l’Allemagne – n’a voulu le suivre. Ils avaient tort…
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