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Tunis a osé “arrêter” des policiers français au nom de la dignité des étrangers expulsés par Paris…

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L’affaire n’a pas fait grand bruit du côté de Tunis mais elle en a fait suffisamment en France pour que le journal Le Parisien s’en saisisse. Les expulsions des étrangers classés dangereux ou en situation irrégulière montent intensité en France, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en a même fait un sacerdoce depuis l’attaque terroriste du Pas-de-Calais. Bon, il y a aussi certainement des visées électoralistes face à une extrême droite que tous les sondages donnent gagnante. Toujours est-il que les pays du Maghreb – le Maroc et l’Algérie surtout – collaborent pour l’application des OQTF (obligation de quitter le territoire français). En échange la France lève le verrou sur les visas. La Tunisie aussi coopère mais il y a des lignes rouges. Trois policiers français ont été soupçonnés de les avoir piétinées.

Trois gradés de la Police aux frontières (PAF) ont été interpellés le mercredi 22 novembre 2023 en fin d’après-midi à l’aéroport de Tunis alors qu’ils ramenaient un Tunisien frappé d’OQTF, a confié une source policière au journal français. Les trois policiers ont été cueillis dès leur descente pour des présumées «violences policières» sur l’homme qu’ils escortaient.

L’affaire a débuté à l’aéroport de Marseille-Provence, mardi après-midi. Ridha A., condamné en France pour violences avec arme et apologie du terrorisme, se prépare à prendre l’avion direction Tunis. L’homme se serait rebiffé sur le tarmac de l’aéroport et aurait bousculé les agents français mobilisés pour l’escorter, précise la source policière…

Les trois agents de la PAF auraient alors fait usage des techniques professionnelles policières pour le maîtriser. Dans l’appareil l’homme aurait cessé de résister et aurait même formulé des excuses. Sauf qu’une vidéo de l’échange musclé aurait été captée par une passagère de l’avion – une avocate dit-on – et envoyée illico aux autorités tunisiennes. Donc quand les trois officiers ont débarqué à Tunis leur “comité d’accueil” était déjà en place.

Les agents français ont été cuisinés par leurs collègues tunisiens pendant un peu plus de six heures, puis ont été relâchés dans la nuit de mardi à mercredi. Ils ont mis la main sur leurs passeports, ont rejoint leurs hôtels avant de quitter le pays sans heurt, indique-t-on au ministère de l’Intérieur. «Ils sont arrivés à Nice à 16h20 aujourd’hui», dit la même source

Grégory Joron, secrétaire général du syndicat policier SGP FO, a commenté les faits : «De parole d’escorteurs, anciens, pour certains, c’est la première fois que cela arrive, gage du professionnalisme des policiers (…). Les escorteurs font souvent face à des individus qui se rebellent et ne veulent pas être reconduits. Être cueillis comme ils l’ont été une fois arrivés à Tunis, avec leurs passeports confisqués car un témoin a avancé la thèse d’un mauvais geste d’un escorteur à l’endroit de la police tunisienne est incompréhensible»…

Il s’est adressé aux autorités : «Nous attendons des ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères que les choses soient mises à plat, dans un contexte où les reconduites s’intensifient avec notamment des profils dangereux».

Ce qui est certain c’est qu’après cet incident et les sueurs froides des policiers français ils feront encore plus preuve de délicatesse dans le traitement des étrangers expulsés. La bravade de Tunis pourrait faire des émules. Les autres pays du Maghreb pourraient se mettre à scruter la façon dont leurs ressortissants sont reconduits chez eux.

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