Economie

Tunis-FMI : Ce qu’ils ont fait est très grave, ce qui suit le sera autant

Partager

Jusqu’ici le gouvernement a superbement snobé et les organisations nationales et l’opinion publique. Le FMI c’est l’affaire de Najla Bouden et compagnie, un point c’est tout. Comme si les autorités tunisiennes n’avaient pas le devoir d’informer les citoyens, comme si elles vivaient sur un îlot, comme si les engagements pris à Washington ne liaient pas toute la nation et les générations futures. Faut-il rappeler qu’il s’agit avant tout de contracter des dettes, en notre nom à tous et de les rembourser avec notre argent. Le gouvernement ne pourra pas tenir longtemps cette posture qui foule au pied le cadre démocratique dans lequel nous sommes censés évoluer.

Il avait fallu se rabattre sur le site du FMI pour avoir une idée sur le paquet de 1,9 milliard de dollars que daigne lâcher l’institution internationale. Les autorités tunisiennes ne sont intervenues que bien après, pour dire la même chose. On avait essayé de dénicher les raisons du lourd silence du gouvernement sur ce dossier. On en a ajouté d’autres depuis que le FMI – encore lui qui informe les citoyens tunisiens – a ébruité les négociations de Washington. En fait le gouvernement ne pipait pas mot parce qu’il aurait donné sa parole sur des choses aussi explosives que la fin de la compensation et une ribambelle de privatisations d’entreprises publiques.

Dans un sens on comprend que le gouvernement se cache derrière le FMI pour ne pas avoir à assumer le retour de manivelle de ces pilules amères que devront avaler les Tunisiens. Ce n’est pas facile à endosser publiquement, on le concède, mais ce n’est pas en se planquant que Bouden et compagnie vont régler le problème. Ils ont été désignés pour gouverner, décider, trancher, tailler dans le vif… et informer, il ne faut pas l’oublier ; alors il va falloir qu’ils assument, quel qu’en soit le coût il faudra monter au front.

L’UGTT avait déjà sonné la charge en rejetant publiquement, par trois fois, toute velléité de rogner progressivement les subventions jusqu’à leur extinction. Elle a réitéré ce lundi 24 octobre son refus catégorique de privatiser quelque entreprise publique que ce soit. Le secrétaire général de la centrale syndicale, Noureddine Taboubi, s’en tient au plan de réformes qu’il dit avoir dévoilé publiquement et soumis à Bouden. Point barre. Il n’a rien signé d’autre, et certainement pas le document sur la table du FMI…

L’autre charge est venue du Parti des Destouriens Libres (PDL), dans la même journée : Les compagnons de Abir Moussi ont fait savoir qu’ils ont saisi le FMI pour lui demander de publier les termes de l’Accord qui le lie à la Tunisie…

Tout ça est très grave pour au moins deux raisons :

– Si le FMI publie ce texte avant le gouvernement ça apportera la démonstration que le gouvernement cachait effectivement quelque chose, ce qui fragiliserait davantage l’équipe de Bouden et le chef de tout l’exécutif, Kais Saied.

– Si le gouvernement se résout à déballer ce document et qu’on y découvre ce que le FMI a éventré sa crédibilité plongera automatiquement. Après ça comment convaincre tout un pays de prendre le douloureux virage des réformes ?

 

Laissez un commentaire