Economie

Tunis-FMI : Deux experts douchent les ardeurs de Bouden, attention…

Tunis-FMI : Deux experts douchent les ardeurs de Bouden, attention…

L’accord avec le FMI est sans aucun doute le dossier dont on parle le plus en ce moment – disette financière oblige – mais dont on sait le moins. D’ailleurs ce qu’on en sait ce sont les services du FMI qui nous l’ont appris, motus jusqu’ici du côté du gouvernement tunisien. Aucun commentaire officiel, ni pour confirmer ni pour infirmer et encore moins s’en féliciter. Rien. Si les autorités gardent le silence sur cette affaire de la plus haute importance c’est pour de bonnes raisons…

1. Cette somme aussi vitale soit-elle (le sésame pour d’autres décaissements du FMI ou d’autres partenaires) ne réglera pas tous les problèmes du pays, loin de là. Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi, avait avancé une fourchette de 2 à 4 milliards de dollars, ce sera in fine la partie basse du montant, comme du reste Tunisie Numérique l’a ébruité le 20 septembre dernier, avec les 8 tranches du versement en plus – ou en moins c’est selon. Bonjour les acrobaties pour toucher tous ces billets…

2. Le porte-parole du gouvernement était monté au front pour indiquer que le gouvernement n’avait pas sollicité un prêt de la part du FMI mais soumis un ensemble de projets et réformes à financer. Au vu des résultats obtenus – à confirmer en décembre prochain -, après de longs et harassants mois de discussions, on peut dire que la confiance entre la Tunisie et son principal bailleur revient, mais tout doucement et dépendra d’un tas de paramètres dont la complexité et la difficulté obstruent toute conjecture, et encore plus des plans sur la comète…

3. Le gouvernement devra tenir jusqu’en décembre 2022, dans le meilleur des cas, pour être requinqué par le décaissement sur lequel le Conseil d’administration du FMI devra apposer sa signature. Décembre c’est très loin, c’est une éternité au regard des pépins des caisses publiques. Il faudra un miracle pour survivre jusque-là. Mais la Tunisie en a vu d’autres depuis sa dite Révolution et on est encore là, plus résilients que jamais (enfin ça dépend pour qui pour quoi), me direz-vous, alors un exploit de plus ou de moins…

4. Enfin la quatrième explication c’est la conjoncture politique. L’analyste financier Bassem Ennaifer a dit ce lundi sur une radio privée que si le FMI temporise jusqu’en décembre c’est certes pour obtenir de la part du gouvernement de Najla Bouden quelques solides gages sur les réformes mais c’est aussi pour voir si les autorités montreront patte blanche dans l’organisation des législatives. Le professeur en économie Ridha Chkondali avait dit la même chose – ou à peu près – plus tôt ce matin, sur la même radio…

Bon, ce sont leurs propos, cela n’engage qu’eux, mais ce qui est certain c’est que si le versement salutaire de l’institution internationale devait être couplé, d’une façon ou d’une autre, au climat politique post-électoral ce serait une très mauvaise nouvelle pour le chef de l’Etat, Kais Saied. Le président de la République pourra compter sur Abir Moussi, Ahmed Néjib Chebbi et compagnie pour bien lui savonner la planche dans la perspective du rendez-vous de décembre avec le principal créancier du pays…

Le FMI n’a pas pour habitude de s’immiscer dans la cuisine politique de ses partenaires, en tout cas pas officiellement. Mais il pourrait faire une exception pour la Tunisie, en ébullition sur le plan politico-social – ce qui a forcément une incidence sur l’économie -, avec une UGTT qui est loin d’avoir dit son dernier mot.

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut