La crise qui secoue Tunisair depuis plusieurs semaines continue de susciter de vives réactions, aussi bien au sein de la classe politique que parmi les experts du secteur.
Suite à l’annonce officielle du remplacement de Habib Mekki à la tête du conseil d’administration de la compagnie nationale, l’économiste Moez Joudi a publié un commentaire critique sur sa page Facebook, remettant en cause la logique du ministère des Transports dans sa gestion de cette crise.
Un expert du transport aérien écarté
Dans sa publication, Moez Joudi souligne que Habib Mekki, qui vient d’être démis de ses fonctions, était l’unique membre du conseil d’administration spécialisé dans le domaine du transport aérien et de l’aviation civile.
Il insiste sur le fait qu’il s’agissait d’une compétence nationale reconnue dans ce secteur sensible, dans un contexte où la compagnie traverse une crise à la fois structurelle et opérationnelle, affectant directement la qualité du service public.
L’économiste critique vivement le fait que le ministère ait choisi de le remplacer par l’actuel directeur général du transport terrestre, désormais nommé représentant du ministère au sein du conseil d’administration de Tunisair :
« Le nouveau président du conseil, issu du transport terrestre, trouvera-t-il plus de solutions que son prédécesseur, spécialiste du transport aérien ? », s’interroge Moez Joudi dans un ton empreint d’ironie.
Il rappelle également que le conseil d’administration n’est pas un organe de gestion opérationnelle quotidienne, laissant entendre que les responsabilités en matière de gouvernance devraient être mieux ciblées et que les compétences techniques doivent primer sur les nominations politiques ou administratives.
Cette critique intervient alors que le ministère des Transports a annoncé une série de mesures urgentes vendredi 4 juillet, à la suite des perturbations majeures subies par plusieurs vols de Tunisair. Parmi les décisions prises :
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Le remplacement de Habib Mekki par Tarak Bouazizi,
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La nomination d’un nouveau directeur à Tunisair Technics,
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Un avertissement formel aux chefs d’escale et aux représentants de Tunisair à l’étranger,
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Et un engagement affiché à poursuivre les enquêtes sur la corruption administrative et financière.
Mais pour Moez Joudi, ces mesures ne suffisent pas à corriger un dysfonctionnement profond, notamment dans la cohérence des choix de gouvernance. Il conclut son message d’un ton amer : « Que Dieu protège le pays », signe d’un désenchantement face à la gestion d’un fleuron national en difficulté.
Ainsi, la réaction de Moez Joudi met en lumière les tensions croissantes autour de la gouvernance de Tunisair, entre impératif de réforme, urgence opérationnelle et nécessité de restaurer la confiance des voyageurs.
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