Economie

Tunisie – 1,55 million des travailleurs au secteur privé sont des employés informels

Tunisie – 1,55 million des travailleurs au secteur privé sont des employés informels

Dans le secteur privé, près de 1 travailleur sur 2 est employé de manière informelle et le taux d’informalité le plus élevé est observé parmi les travailleurs non-salariés révèle un nouveau rapport  de la Banque mondiale sur le « Paysage de l’emploi en Tunisie ».

Informalité dominante

En 2019, sur près de 2,8 millions de travailleurs employés dans le secteur privé, environ 1,55 million étaient informels, précise le rapport ajoutant que la part de l’emploi informel en Tunisie est inférieure à la moyenne des États arabes, à l’exclusion des pays à revenu élevé sachant que les définitions de l’emploi informel peuvent différer d’un pays à l’autre.

Le taux d’informalité est considérablement plus élevé chez les travailleurs non-salariés (87,7%) que chez les salariés (29,0%) alors que le taux est estimé à 72% chez les employeurs et à 92% chez les travailleurs indépendants, révèlent les données statistiques.

La pandémie de COVID-19 et la crise économique ont eu des effets néfastes sur le marché du travail tunisien, en particulier chez les hommes et les jeunes. Par rapport au premier trimestre (T1) de 2020, l’emploi a chuté de 4,5% au T2 et, après un rebond partiel au T3, il a continué de baisser au dernier trimestre de 2020 ainsi qu’au cours des trois premiers trimestres de 2021, indique-t-on.

Globalement, le rebond limité de l’emploi après la pandémie, selon la Banque mondiale, est largement attribuable à la dynamique de l’emploi informel, qui avait augmenté de 2,6% au troisième trimestre 2020 par rapport au même trimestre de 2019.

On note également que l’emploi informel a augmenté plus rapidement chez les femmes que chez les hommes (5,5% contre 2%, respectivement) et avec la réduction de l’emploi, les taux de chômage ont augmenté et restent supérieurs aux taux d’avant la pandémie, en particulier chez les hommes. De même, le taux de chômage des jeunes est passé de 34,2% avant la pandémie à 42,4% au troisième trimestre 2021.

Effritement de la société salariale

Il est à rappeler que d’après un rapport du Forum Tunisien des Droits Economiques & Sociaux (FTDES), intitulé « le secteur informel en Tunisie : autorité de l’Etat ou autorité de l’informel ?, depuis plus de quatre décennies le secteur informel tend à émerger sur le plan de la théorie économique que celui de la politique de développement comme une réalité économique structurelle par ses dimensions planétaire, nationale, urbaine et même rurale avec une très forte relation avec l’effritement de la société salariale et son aspect socio-économique.

Le forum a souligné que la stabilité de l’emploi à durée indéterminée n’est plus un droit mais un privilège du fait que sous l’effet de la compression des dépenses publiques et de la recherche de l’efficacité des entreprises privées, la notion d’emploi « sûr et stable » s’éclipse peu à peu.

Ainsi, l’effritement de la société salariale conjuguée avec le problème du chômage entraine l’autocréation d’emploi, l’installation à compte propre et donc un développement important des activités informelles.

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