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Tunisie : 40 mille emplois menacés dans le secteur du bâtiment et des travaux publics

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Le secteur du bâtiment et des travaux publics est l’un des domaines clé de l’économie Tunisienne avec une contribution au produit intérieur brut d’environ 7%. Les investissements atteignent 25% du total des investissements dans le pays avec 2800 entreprises, dont 100 grandes qui y opèrent.

Cependant, les principaux indicateurs affichent depuis un certain temps une nette baisse, notamment depuis l’année 2006, à cause de la réduction des allocations de l’Etat destinées à l’appui des projets BTP, principalement dans les régions.

La situation du secteur s’est aggravée depuis 2011 en raison du chaos politique, à un point tel que certains experts et opérateurs pensent que le secteur, qui occupe à plein temps plus de 40.000 personnes dont 500 ingénieurs est désormais en grande difficulté.

Il importe aussi de souligner que le secteur du bâtiment et des travaux publics est un axe important autour duquel gravitent de nombreux autres secteurs ainsi que le système bancaire et financier, sachant que ses dettes s’élèvent à 7400 milliards à fin septembre 2019 en prenant compte des prêts accordés aux entreprises immobilières et économiques affiliées.

Par conséquent, toute crise qui frapperait le secteur aura de graves répercussions sur les banques et de nombreux autres secteurs qui lui sont directement ou indirectement liés.

Le secteur ne dispose pas d’assez de moyens pour opérer à l’étranger, ses investissements à ce niveau ne dépassant pas 1,7 milliard de dinars. Cela est dû principalement aux obstacles réglementaires qui empêchent le développement des investissements du secteur à l’international, en plus de la diminution des ressources des entreprises tunisiennes par rapport aux concurrents internationaux et de la perte quasi définitive du marché libyen.

Une perte qui a affecté le secteur, après que des entreprises turques et asiatiques aient mis la main sur ce marché majeur.

Toutefois et malgré ces difficultés, les autorités et notamment le ministère des Finances, a pris une décision très surprenante qui consiste à ne pas payer les dettes de l’État dues au secteur et de reporter l’affaire aux années à venir afin de réduire le déficit budgétaire, ce qui causera inéluctablement la faillite de la plupart des entreprises, des vagues de licenciements et l’arrêt de beaucoup de projets d’infrastructure.

Les ministères de l’Équipement et des Finances estiment l’encours de la dette de l’Etat envers les entreprises du bâtiment et des travaux publics à environ 224 millions de dinars, tandis que les chefs d’entreprises confirment qu’il s’agit plutôt de 700 millions de dinars. Compte tenu de cette incohérence, la présidence du gouvernement a décidé que l’estimation de cette dette dans le budget complémentaire pour l’année en cours soit revue à 600 millions de dinars.

Il est à noter que la majorité des professionnels du secteur qui doivent rembourser leurs prêts bancaires, sont quasiment certains que les banques rééchelonneront, dans ce contexte, leurs dettes sur le moyen terme c’est à dire sur une période de 7 ans, à un taux d’intérêt entre 12 et 13% au minimum, hors commissions et pénalités de retard. A cela s’ajouteront de lourdes charges sociales, une diminution des marges de bénéfices et un avenir incertain.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek