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Tunisie – A qui s’adressait Ghannouchi en parlant de changer de gouvernement ?

Tunisie – A qui s’adressait Ghannouchi en parlant de changer de gouvernement ?

Le président du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui se retrouve en position de force sur l’échiquier politique du pays et qui se targue de pouvoir faire la pluie et le beau temps, a lancé, comme çà, mine de rien, une déclaration, hier, selon laquelle il serait, éventuellement, question de se débarrasser du gouvernement actuel et de mettre en place un autre équipe, qu’il a qualifié de gouvernement de technocrates, ou de gouvernement de préparation des élections.

Certains observateurs n’ont pas pu saisir le sens de ce revirement de position de dernière minute de la part d’Ennahdha ni le retrait de son soutien à Youssef Chahed, qu’elle a toujours proclamé, sous le titre de « soutien à la stabilité politique ».

Or, Rached Ghannouchi n’est pas quelqu’un qui parle pour ne rien dire et qui ne dit pas n’importe quoi, surtout quand il se fait virer de la ville de Moknine, sous de véhéments « dégage! » et « Vive Ben Ali ». S’il a fait cette déclaration, hier, c’est qu’il avait décidé de le faire et qu’elle devait être enregistrée et faire la une des journaux ce lundi.

En parlant de la sorte, Ghannouchi lançait ce qu’on pourrait qualifier d’appel d’offres, ou d’ouverture des enchères. Il a, en effet, lancé, un clin d’œil à tout le monde. Il s’adressait à Youssef Chahed, lui intimant, discrètement, l’ordre de se tenir peinard. Car, peut-être que ce jeune  Youssef commence à gêner le Cheikh quelque part, ou à regarder, d’un peu trop près, dans quelques dossiers « délicats ». Comme il se pourrait qu’il soit en train d’aménager une sorte de « porte de sortie » à Youssef Chahed, pour qu’il se concentre sur sa campagne, en lui faisant miroiter l’attrait du soutien d’Ennahdha pour son éventuelle candidature en 2019.

Toutefois, hier, Ghannouchi ne s’adressait pas uniquement à Youssef Chahed. Il lançait, en effet, un petit clin de l’angle de l’œil, à son « ami » BCE, lui faisant comprendre que le départ de Youssef Chahed, qui a constitué leur pomme de discorde, est toujours envisageable et qu’ils pourraient reprendre leur union sacrée.

Comme on sait que, malgré son poids électoral, Ennahdha ne se sent pas encore prête à gouverner au premier rang, Ghannouchi aurait pu s’adresser à tout le monde, comme dans une sorte d’enchère publique où les partis politiques seraient invités à venir s’allier avec lui, si jamais ils voulaient faire partie de l’équipe gagnante. Il n’excluait personne de ce jeu. Car comme l’a si bien fait remarquer Yamina Zoghlami, ce matin, sur les ondes d’une radio de la place, ils sont prêts à collaborer, même, avec le front populaire (leur ennemi juré), comme ils l’ont fait, a-t-elle souligné, pour l’élection des membres de l’ISIE.

Une énième union contre nature tentée par Ennahdha, mais qui pourrait avoir, au moins, le mérite de clore les dossiers épineux des assassinats politiques et de l’appareil secret qui sont les chevaux de bataille du Front Populaire ! Il pourrait s’agir, aussi, d’Al Machrou3 ou de toute autre formation assoiffée de pouvoir et qui rêverait de prendre, ne serait-ce qu’en apparence, les rênes du pays.

De toutes les manières, les jours à venir nous montreront quels ont été les plus prompts à capter le message et à y répondre en premier !

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