Economie

Tunisie – « Aide » sociale à crédit ?

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Le ministère de l’Economie et de la Planification a annoncé dans un communiqué publié le mercredi 6 avril 2022, la signature d’un accord de financement d’un montant de 400 millions de dollars par la Banque mondiale pour le projet de protection sociale suite de la pandémie de la Covid-19, vient d’indiquer aujourd’hui mardi 19 avril 2022 l’Observatoire Tunisien de l’Economie (OTE).

L’accord s’inscrit dans le cadre de la deuxième phase du projet, lancée en août 2021, où la Tunisie a obtenu un financement de 300 millions de dinars de la Banque mondiale afin d’activer le programme de sécurité sociale face aux effets de la Covid-19 sur les familles les plus démunies.

Ce programme comprend trois axes : des transferts financiers pour atténuer les répercussions de la pandémie, des transferts pour soutenir les enfants de moins de cinq ans issus de familles les plus démunies, et l’aide à la réalisation des réformes, notamment au niveau de la gouvernance, du développement procédures et l’intégration dans le registre social et adoption de la digitalisation.

Il s’agit, d’après l’OTE, des mêmes mesures sociales inscrites dans la loi de finances pour l’année 2022 sans préciser les mécanismes d’application de ces procédures dans la loi de finances ni leurs sources de financement, tout en maintenant le budget du ministère des affaires sociales au même niveau de 2021, avec une légère augmentation de 0,19% dans la loi de finances pour l’année 2022.

Avec la prise en compte du taux d’inflation révélé par la Banque centrale à 6,8% lors de la publication de la loi de finances, le budget du ministère des affaires sociales est une baisse de 6,61% entre 2021 et 2022 sans prendre en considération le taux d’inflation supplémentaire après la guerre russo-ukrainienne.

Dans sa synthèse du budget pour l’année 2022, intitulée « La loi de finances 2022 préserve-t-elle le rôle social de l’État ? », l’Observatoire tunisien de l’économie a abordé la dégradation du rôle social de l’État en raison de la détérioration des équilibres des finances publiques et des répercussions négatives de la politique d’austérité adoptée, qui a conduit au déclin de ce rôle.

L’incapacité du gouvernement à fournir les fonds nécessaires pour couvrir ses dépenses de développement a également été indiquée par l’observatoire, ce qui a conduit à une dépendance aux prêts et dons extérieurs pour financer la plupart des projets programmés dans la loi de finances pour l’année 2022.

Quatre mois après le début 2022, l’observatoire a conclu que l’État ne dépend pas uniquement de fonds externes pour couvrir ses dépenses de développement, mais qu’il est plutôt devenu dépendant du financement de la Banque mondiale pour fournir de l’assistance sociale.

L’adoption de cette approche relève de l’incapacité de la Tunisie, ou des pays à faible revenu et intermédiaire en général, à financer leurs systèmes de protection sociale faute de ressources financières, qui a été discutée lors d’un séminaire virtuel ayant pour thème « La Sécurité Sociale Intégrale : Exploration des Contraintes et des Ressources Économiques et Financières » durant le mois de février 2022.

Il a été déclaré lors du séminaire que de nombreuses options s’offrent aux gouvernements pour mobiliser les ressources nécessaires au financement du système de protection sociale dans les pays à revenu faible et intermédiaire,  au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, comme la Tunisie, à savoir, un cadre économique plus approprié, deuxièmement, l’augmentation des ressources fiscales, troisièmement, la lutte contre les flux financiers illégaux, et enfin, la restructuration de la dette, qui est la solution la plus simple que les gouvernements tunisiens abordent souvent sans travailler à développer le système de sécurité sociale pour qu’il devienne plus complet et aussi à élargir la base des ressources disponibles et l’utilisation de toutes les sources potentielles de revenus par le gouvernement.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek