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Tunisie – Assurances automobiles : des tarifs toujours en hausse…

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Un document que vient de publier la fédération tunisienne des sociétés d’assurances (FTUSA) révèle que les tarifs des garanties facultatives des assurances automobiles concernant les risques du vol et d’incendie ont été révisés à la hausse. Les primes fixes de l’assurance de de ces deux risques ont augmenté chacune de 30 dinars.

Il a été indiqué, dans ce cadre, que cette hausse prévue depuis l’année dernière a été reportée à l’année en cours en raison de la volonté des compagnies d’assurance de contribuer à préserver le pouvoir d’achat des ménages tunisiens largement dégradé suite aux répercussions de la Covid-19.

En outre, il a été souligné que les deux branches d’assurance vol et incendie souffrent d’un déficit financier mais aucune précision n’a été donnée quant à la valeur de ce déficit.

Cependant, cette majoration de tarifs vient dans un contexte marqué par des valorisations successives enregistrées, particulièrement, ces dernières années.

En effet, le bal de ces rehaussements a été ouvert, à partir de 2016 suite à l’accroissement des tarifs d’assurance automobile obligatoire relatifs à la responsabilité civile de 10%, cette augmentation a concerné environ 1,5 million de véhicules assurés et a intéressé 5 types de véhicules, en l’occurrence les voitures individuelles, les voitures de transport de marchandises pour le compte d’autrui ou pour compte propre, les engins agricoles et les motocycles.

En mai 2017, une circulaire du ministère des Finances a décrété une autre augmentation allant de 10 à 20% du tarif d’assurance obligatoire. A partir du 1er janvier 2018, les tarifs d’assurance automobile ont connu, encore, une augmentation de 2%.

Généralement, les responsables des compagnies d’assurances, la FTUSA et les services du ministère des Finances justifient ces augmentations continues par le déficit financier et technique de la branche «assurances automobiles» prouvé par des études d’évaluation réalisées, entre autres, par la Banque Mondiale, selon leurs dires et qui sont relatives aux montants des primes d’assurance automobiles.

Toutefois, le dernier rapport annuel publié par la FTUSA sur son site officiel, montre que les provisions techniques ont enregistré une augmentation en 2017 à 4386 millions de dinars (12,5%), les montants des placements inscrits aux actifs des bilans sont de l’ordre de 4895 millions de dinars et le résultat technique s’élève à 78 millions de dinars. Il s’agit de beaux chiffres qui dénotent que le secteur est en bonne santé, voire même en très bonne santé.

Cette situation amplement bénéficiaire n’explique en aucun cas l’engouement exponentiel des assureurs à décréter, d’une manière de plus en plus récurrente, des hausses de leurs tarifs, tout azimut, supportés par des ménages souffrant d’une inflation des prix généralisée et rampante qui les étouffent, d’une façon inédite.

Rappelons que le Comité Général des Assurances (CGA) n’a cessé de déclarer que le projet d’un nouveau Code des assurances a été finalisé et qu’il sera présenté, à ce titre, aux autorités pour adoption.

S’agissant des principaux chapitres du nouveau projet, il a été indiqué qu’ils concernent le renforcement de la gouvernance des sociétés d’assurance, la mise en place d’un cadre juridique d’assurance vie, l’adoption d’une approche adéquate pour l’encadrement et l’organisation des métiers d’intermédiation dans l’assurance et la clarification et la simplification des contrats d’assurances avec la révision des délais d’indemnisations.

Par ailleurs, ce projet de Code des assurances préparé par le CGA est loin de plaire aux agents d’assurances qui le considèrent comme destructeur pour leur profession et pour l’intérêt des assurés.

Selon les agents, ce projet menace les intérêts de 1100 PME qui emploient 5000 personnes, contribuent à raison de 60% au marché des assurances, collectent plus de 50% des primes et servent plus de 80% des assurés. Ils contestent le nouveau projet, tant sur le plan de la forme que sur celui du contenu et considèrent que l’étude qui a servi de base au projet de loi, a été unilatéralement élaborée par un cabinet étranger déconnecté des réalités du marché tunisien.

Au niveau du fond, c’est surtout l’autorisation donnée, en vertu de ce projet de loi, à d’autres intermédiaires (banques, sociétés de leasing, banques d’affaires, sociétés de factoring, sociétés de téléphonie…), pour vendre des services d’assurances, qui inquiètent les agents d’assurances.

Les agents d’assurances fustigent, par ailleurs, l’interdiction de vendre certains produits d’assurance islamique alors que cela est permis aux courtiers, aux banques, à la poste et à différents autres acteurs financiers.

Le secteur des assurances est l’un des piliers de l’essor économique qui mérite une réelle réforme, en dehors, de toute logique de corporatisme et de recherche simpliste de profits.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek