Economie

Tunisie : Avec 4430 millions de dinars de dettes, pourquoi soutenons-t-on les hôteliers, malgré les recettes importantes qu’ils encaissent ?

Tunisie : Avec 4430 millions de dinars de dettes, pourquoi soutenons-t-on les hôteliers, malgré les recettes importantes qu’ils encaissent ?

D’après le bulletin de statistique financière n° 209 édité en janvier écoulé par la Banque centrale de Tunisie (BCT), la dette bancaire du secteur touristique s’élève à 4428.7 millions de dinars au terme de l’année 2019. Cette dette a évolué de 63% durant les deux dernières décennies. Des chiffres qui inquiètent.

Il faut tout de même rappeler que le secteur a connu plusieurs chocs et crises liés, essentiellement, à l’émergence du terrorisme et de l’instabilité sociale en Tunisie, ces dernières années. Toutefois, il a constamment bénéficié de l’appui des autorités et ce, d’une manière prioritaire, bien que d’autres secteurs vitaux tels que l’industrie, l’agriculture et des branches importantes du secteur des services qui n’ont cessé d’endurer des difficultés menaçant leur pérennité, n’ont eu aucun appui officiel significatif.

Il est à indiquer aussi que le secteur touristique réalise des performances assez remarquables, en l’occurrence en termes de recettes encaissées par les hôteliers.

Et pour cause, d’après une déclaration de l’ex-ministre du Tourisme et de l’artisanat, René Trabelsi le 7 janvier de l’année en cours,  les entrées touristiques en Tunisie ont progressé, par rapport à 2018, de 13.6% en 2019, soit 9.430 millions de touristes, ce qui a permis de générer des recettes de 5.6 milliards de dinars en augmentation de 35.7%.

En 2018, le tourisme a aussi généré, des revenus de près de 4,09 milliards de dinars, en attirant 8.3 millions de visiteurs étrangers.

Ainsi, le secteur a enregistré rien qu’au cours des deux dernières années des recettes de 9.7 milliards de dinars.

Sur un autre plan, les mesures économiques et sociales annoncées récemment par Elyes Fakhfekh, le chef du gouvernement visant à soutenir les entreprises touchées des suites du confinement et de l’épidémie COVID-19 ont, conséquemment, concerné les établissements touristiques via la création d’un mécanisme garantissant davantage de nouveaux crédits de gestion, d’exploitation et de maintenance qui seront accordés par les banques. Ces crédits, de l’ordre de 500 millions de dinars, seront remboursés sur 7 ans avec 2 ans de grâce.

Mieux encore, la fédération interprofessionnelle du tourisme (FITT) a considéré, lors d’une réunion organisée le 18 mars 2020 avec Mohamed Ali Toumi, ministre du Iourisme et de l’artisanat et Elyes Fakhfekh, chef du gouvernement que les mesures prises au profit du secteur restent très insuffisantes!

La FITT demande encore des avantage, en l’occurrence, la prise en charge par l’Etat des salaires du mois d’avril et mai 2020, le report ou la suppression des cotisations sociales relatives au 1er et 2ème trimestre 2020, sans pénalité, sans formalité et sans justification, le rééchelonnement des dettes fiscales (impôt sur les sociétés 2019, 1er acompte provisionnel, Taxe sur la valeur ajoutée, déclarations mensuelles des mois de mars et avril 2020…) sur une longue période, sans pénalité.

Il a été même réclamé des prêts bancaires de trésorerie avec accès facile et à taux très modérés, voire à taux zéro. Ces demandes passent outre tout commentaire.

De toute évidence, le tourisme qui représente 8% du produit intérieur brut (PIB) a un apport précieux pour une économie tunisienne en sérieuse difficulté, toutefois il est inadmissible que le coût d’entretien de l’activité du secteur par l’Etat et le système financier dépassent largement les revenus qu’il génère et ce, quelle que soit la situation de ses équilibres financiers, d’une part et au détriment de presque tous les secteurs économies laissés à leur propre sort depuis une longue période, d’autre part.

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