Categories: A la uneEconomienews

Tunisie – Déficit budgétaire : L’Etat n’a pas fait faillite, mais presque !

Partager

Le chef du gouvernement, Hichem Mechichi a affirmé, hier mardi 3 novembre 2020, lors d’une conférence de presse, après une rencontre avec des experts, la énième de son genre avant et après son investiture, que « la Tunisie n’est pas en faillite et n’arrivera pas à ce stade ».

Hichem Mechichi a indiqué que la Tunisie a toujours pu honorer ses engagements financiers, affirmant que les efforts déployés – au niveau des projets de loi de Finances – visent, justement, à préserver ses obligations.

Il a précisé, en outre, que des solutions innovantes ont été trouvées pour remédier au déficit budgétaire à travers, notamment, l’intervention de la Banque centrale de Tunisie (BCT) sur les bons de trésor et la possibilité de rééchelonner des dettes.

En évoquant la dépendance de la Tunisie pour surmonter les déficits budgétaires (13.4 et 7.3% du PIB pour 2020 et 2021), aux éventuelles interventions de la BCT et la restructuration de la dette extérieure, le chef du gouvernement reconnait, sans pratiquement se rendre compte, que le pays est presque sur la voie de la faillite si ces deux alternatives n’aboutissent pas…

Cependant, on ne doit pas être un « expert » en économie pour comprendre que la Tunisie, devenue pays improductif et dont le déficit commercial au niveau du régime général s’est élevé à 195 milliards de dinars (MD) entre 2011 et 2019 – l’équivalent de 61 milliards d’euros – ne peut fonctionner qu’en accroissant sa pyramide de dette non souveraine, floue et non-conforme aux normes.

Il n’est pas aussi nécessaire d’être chevronnée en finances publiques pour dire que la Tunisie qui a consacré 93% de la nouvelle dette extérieure en 2019 rien que pour rembourser l’ancienne dette, ne peut en aucun cas sortir de cette spirale dangereusement aggravée par les pressions syndicales et partisanes sans limites.

Malheureusement, le drame continue : voter un budget déficitaire permet de s’accorder plus de capacité d’action et donc plus de pouvoir.

En optant au recours absurde et démesuré à l’endettement, le gouvernement actuel, agit comme ses prédécesseurs de l’après 2011 selon une logique de facilité qui ajourne l’exploitation normale des richesses de l’Etat, séquestrées aujourd’hui par des voyous et des gangs à la solde de lobbys et à certaines mouvances politiques à peine voilées, la mobilisation équitable de sa recette fiscale et des cotisations sociales pour « léguer » encore à ses successeurs la charge de la gestion de cette situation inextricable dans laquelle le pays est plongé…

Toutefois, il n’est pas difficile de prévoir, selon les données financières publiques disponibles, que le gouvernement actuel n’aura pas le temps pour léguer les dossiers brûlants des richesses séquestrées, de la dette, de la crise économique que vit le pays à cause d’une gestion catastrophique de l’épidémie de la COVID-19, car cette fois il sera le témoin d’une faillite imminente, voire sûre, sauf miracle !

Laissez un commentaire
Publié par
Mohamed Ben Abderrazek