Tunisie – Démission de Fakhfakh… Et après ?

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Le président de la République, Kaïs Saïed, a demandé au chef du gouvernement de présenter sa démission, et ce dernier s’est exécuté aussitôt.

Cet acte va-t-il conclure le chapitre de la crise gouvernementale ou, au contraire, va-t-il ouvrir la porte à une nouvelle crise, constitutionnelle, celle là, et Ô combien plus difficile à résoudre, surtout en  l’absence d’une cour constitutionnelle ?

En effet, maintenant que Fakhfakh a présenté sa démission, la question qui prévaut sur toutes les autres est celle de savoir qui va avoir le droit de désigner son successeur ? Serait-ce Ennahdha du fait qu’elle constitue le premier parti par rapport au nombre de sièges à l’ARP ou Kaïs Saïed, du fait que Fakhfakh ait démissionné ?

Cette démission, pose, en effet un énorme problème, de par son timing.

Alors que Kaïs Saïed, qui l’a expressément demandée, sera, certainement enclin de croire qu’elle a précédé la motion de censure qui devait être prononcée par l’ARP, à l’encontre de Fakhfekh. Ce qui lui redonne, de fait, la main, selon la Constitution, pour choisir, de nouveau, la personnalité qu’il juge la plus adaptée à diriger le futur gouvernement…

Les dirigeants d’Ennahdha ne vont, évidemment, pas être de cet avis et vont assurer que leur motion de censure à l’encontre du chef du gouvernement a précédé cette démission, a même été déposée au bureau de l’ARP et a été une sorte de réaction à leur démarche. Du coup, ils vont revendiquer le droit de désigner le futur chef de gouvernement.

Une situation qui risque d’envenimer, encore plus, le blocage politique qui paralyse le pays et qui risque d’être source de nouvelles tensions, surtout en l’absence d’une cour constitutionnelle, qui aurait été la seule institution capable de trancher dans de tels litiges.

En l’absence de cette cour, est-ce que Kaïs Saïed, en sa qualité de spécialiste en droit constitutionnel, en plus de sa qualité de président de la République et responsable, de ce fait, du respect de la Constitution, serait la personne indiquée pour trancher, ou sera-t-il handicapé par le fait qu’ilsoit, en même temps concerné par cette affaire, ce qui ferait de lui, juge et parti en même temps ?

La Tunisie est, de toute évidence, partie pour une très longue polémique et des tiraillements à n’en plus finir. Ce qui ne pourrait en aucune façon arranger les affaires du pays dont tous les voyants économiques sont au rouge !

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