Le 02 Septembre 2020, Hichem Mechichi quitta le Ministère de l’intérieur pour se hisser à la tête du gouvernement. Le ”protègé” de Kais Saied a réussi à arracher, après 15 heures de débats, 134 voix et à gagner la confiance de l’ARP.
La naissance du gouvernement Mechichi fût un accouchement douloureux, très douloureux!
En effet aussitôt désigné par Kais Saied pour être Chef du gouvernement, le palais commença à mettre la pression pour imposer certains ministres à la composition rentrante.
Round 1 :
Accrochage entre le président de la République et le chef du gouvernement désigné concernant le ministre de la Culture, Wahid Zidi, reçu par le chef de l’Etat malgré la réserve du chef du gouvernement, qui a fini par nommer un autre ministre de la culture.
Round 2 :
Dès son premier jour à la Kasbah, le 1e juin 2020, Mechichi reçoit Nabil Karoui ensuite il s’entretiendra avec R. Ghannouchi, S. Makhlouf et d’autres députés, bêtes noires de Kais Saied.
Round 3 :
Le 23 septembre, Kais Saied passe publiquement un savon au chef du gouvernement à cause de l’augmentation des salaires des gouverneurs et de l’éventuelle nomination de Taoufik Baccar et Mongi Safra, deux anciens du régime Ben Ali.
Le lendemain, Mechichi fait savoir publiquement qu’il refusait désormais les vidéos filmées par la présidence de la République lorsqu’il est reçu par le chef de l’Etat.
Round 4 :
Suite à la convocation du ministre de l’Intérieur et du ministre de la Justice par le chef de l’Etat, le 30 septembre lors d’un conseil des ministres, Mechichi informe ses ministres qu’ils doivent désormais avoir son autorisation avant d’être reçus par le chef de l’Etat. Ils doivent également rédiger par écrit un compte rendu et le lui transmettre.
Le dernier round peut être?
S’ensuit une foulée d’esquives, de feintes et de touches sans conséquences puisque les deux camps revenaient vite en garde. Ce fût une trêve de courte durée puisque profitant de l’absence du chef du gouvernement, en visite privée à Paris, le président de la République en présence du ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine a déclaré qu’il était le chef des forces armées “militaires et sécuritaires”.
Le président de la République voulait-il volontairement empiéter sur les prérogatives du chef du gouvernement?
La réponse de Mechichi a été vive, rapide et sans appel: limoger le plus fidèle des ministres de Kais Saied, taper là où ça fait mal.
Mechichi n’a-t-il pas encore une fois agit trop rapidement?
Selon certains experts, cette situation n’est que la conséquence logique d’une Constitution truffée de pièges à loup où il est quasi impossible d’avancer. Cet état dure depuis plusieurs années.
La Tunisie est tiraillée entre deux pouvoirs exécutifs et un autre législatif qui s’entre-déchirent pour une lutte de pouvoir impitoyable.
Bien qu’étant élu directement par le peuple, le président de la République ne bénéficie pas de grandes prérogatives et sa marge de manœuvre est très réduite contrairement à la portée de pouvoir accordée au chef du gouvernement.
Ce dernier ne jouit d’aucune légitimité électorale sauf celle qui lui a été accordée par le bricolage parlementaire.
A qui profite cette crise? Sans doute aux concepteurs du labyrinthe constitutionnel. Seuls ceux qui l’ont rédigé savent où les mines ont été placées.
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