Economie

Tunisie : Des obstacles bloquent le plan d’augmentation de la production céréalière

Partager

La saison prochaine inquiète déjà les agriculteurs tunisiens et des risques planent sur les plans d’augmentation de la production notamment en raison du manque de financement et de la pénurie d’intrants et de semences, tandis que la crise alimentaire mondiale s’intensifie et avec elle le déficit commercial local, entraîné par l’augmentation des importations alimentaires.

Les dernières statistiques sur la collecte des céréales révèlent que la récolte de cette année ne fournira qu’un tiers de la consommation locale de blé, avec la nécessité de recourir aux marchés internationaux pour se fournir le reste des quantités, puisque 7,3 millions de quintaux ont été collectés sur un total de besoins d’environ 30 millions de quintaux.

Le plan bloqué de l’augmentation de la production

Les autorités prévoient d’augmenter la production d’environ 50% à partir de l’année prochaine, en s’appuyant sur les incitations qu’elles ont approuvées pour les agriculteurs, dont la plus importante est l’augmentation de 30ù du prix des céréales à la production.

Cependant, une enquête menée par l’Institut arabe des chefs d’entreprise, dont les résultats ont été publiés vendredi dernier, a révélé une grande appréhension des agriculteurs quant aux difficultés qui les attendent lors de la prochaine saison agricole, puisque 67% des agriculteurs interrogés s’attendaient à une pénurie de semences au début et 44% d’entre s’attendaient que la pénurie touche la quantité et certains types de produits.

83% d’entre eux s’attendaient à une pénurie de nitrate d’ammonium et à une hausse de ses prix, outre la réticence d’environ 48% des agriculteurs interrogés à recourir aux banques pour développer leurs investissements en raison de la rareté des fonds et le retard des banques dans l’étude de leurs dossiers, car le pourcentage d’agriculteurs qui ont affaire à des banques ne dépasse pas 7%.

Les agriculteurs affirment que la volonté des principaux acteurs du secteur d’augmenter la production se heurte à de nombreuses difficultés, notamment le manque de semences améliorées à haut rendement et le coût élevé de la production.

Manque de clarté des politiques publiques

Une partie importante des agriculteurs critique le manque de clarté du plan du ministère de l’Agriculture pour faire face au problème de l’importation de blé tendre et dur résultant de la guerre russo-ukrainienne, expliquant que la seule mesure que les producteurs de céréales peuvent approuver et encourager les agriculteurs à cultiver du blé est de fixer un prix approprié pour l’achat des semences.

Ils considèrent également que les autorités sont tenues de prendre des décisions en faveur des agriculteurs afin d’assurer que la plus grande quantité possible de céréales soit collectée auprès des producteurs et de réduire l’impact des importations de blé sur le déficit commercial.

Cependant, le ministère de l’Agriculture reste optimiste et prévoit d’atteindre l’autosuffisance en blé dur à partir de 2023 grâce à la production de 12 millions de tonnes, en stimulant la production en augmentant la rentabilité du secteur et en augmentant les prix des céréales lors de l’achat aux producteurs locaux.

« Les prix du blé devraient augmenter de 34% si les exportations de la Russie venaient à être réduites de moitié, et de 19% si les exportations de l’Ukraine cessaient complètement », c’est ce qui ressort du dernier rapport sur les perspectives agricoles de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) concernant les perspectives à moyen terme des marchés des produits agricoles.

Une mauvaise nouvelle pour La Tunisie où la consommation moyenne de blé par habitant est parmi les plus élevées au monde et qui est gérée par un système de compensation directe totalement obsolète et en perdition sans considérer le déficit grandissant des intrants nécessaires à la saison agricole à venir.

Hier jeudi 7 septembre 2022, le directeur central au Groupe chimique Tunisien, Abdelhafidh Ben Othmane, a déclaré le démarrage, au cours des prochains jours, de l’approvisionnement à un rythme régulier du marché, en intrants agricoles utilisés dans les grandes cultures.

Ben Othmane indique qu’actuellement, le stock disponible d’ammonitrate est d’environ 60 mille tonnes soit 25% des besoins des agriculteurs, précisant qu’une quantité supplémentaire sera par la suite distribuée aux agriculteurs.

Les ministères de l’Industrie, du Commerce et de l’Agriculture ont annoncé quant à eux aujourd’hui le gel des prix des engrais chimiques destinés à la production agricole, en dépit de l’augmentation des cours sur le marché international et les pertes supportées par le groupe chimique, dans le but d’assurer une bonne saison agricole, selon une communication conjointe.

Laissez un commentaire
Publié par
Mohamed Ben Abderrazek