Tunisie – Elyes Fakhfakh : Les forces vives du pays vous saluent !

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L’information a fait l’effet d’une douche froide. Tous ceux qui en ont pris connaissance sont restés, ce matin, hébétés. Le chef du gouvernement aurait nommé, à la Kasbah, deux nouveaux ministres conseillers, parmi l’élite que compte la Tunisie, dans leurs domaines à la pointe des sciences ou des finances. En l’occurrence, les leaders nahdhaouis, Imed Hammami et Oussama Ben Salem. Quoiaque d’après des sources proches de La Kasbah, Fakhfakh n’aurait pas, encore, entériné ces nominations.

Et çà serait tant mieux, car les tunisiens, encore sous le choc de l’annonce, ne savent plus ce qui les a, le plus, embêtés dans cette histoire. Est-ce la qualité inégalable de ces deux ministres conseillers et l’apport qu’ils pourraient amener au travail du gouvernement ? Ou, est-ce leur appartenance au parti islamiste qui laisse entendre que le chef du gouvernement s’est mis sous la coupe des frères, qui sont en train de commander à leur aise, derrière sa vitrine ? Ou encore, est-ce le rôle qu’ils vont jouer à La Kasbah en tant qu’œil de Moscou pour espionner tout ce qui se dit et se fait à la présidence du gouvernement et en référer au saint siège de Montplaisir ? Ou, alors est-ce le timing avec lequel ces nominations ont été faites.

Il semblerait que les tunisiens soient embêtés par, un peu, tout çà. Mais de façon plus marquée, par le timing de ces décisions. Des décisions prises en temps de guerre, et probablement voulues dans la discrétion, ne furent quelques indiscrétions de dernière minute. Des décisions qui s’inscrivent en total contraste avec la conjoncture générale, et qui témoignent de l’indifférence des frères musulmans à tout ce qui touche le pays et la population, et rien ne les importe en dehors de leurs propres intérêts et des intérêts des leurs. Des décisions qui engagent des dépenses et des charges énormes dont le pays aurait pu s’en passer, vu, surtout, le rendement qu’on en attend.  Ces dépenses qui vont gêner et entacher l’image et la crédibilité du gouvernement qui n’hésite pas, au même moment, à appeler à la cotisation de tout le monde et ne recule pas devant la décision de prélever des journées de salaire. Et chez qui ? Chez les forces vives du pays, celles avec les quelles il est en train de remporter la guerre contre l’épidémie. Il a prélevé des journées de salaire chez les soldats, les sécuritaires, les agents de la santé… Même les retraités n’ont pas été épargnés… Et au profit de qui saigne-t-il ces forces ? Au profit de supposés conseillers qui ne sauront conseiller personne. Et au profit d’une confrérie qui n’a pas cessé de saigner à blanc le pays et le peuple.

Maintenant, le problème avec cette situation, c’est qu’elle met très à mal la crédibilité du gouvernement et de son chef, qui ne trouvera plus, dorénavant, les arguments pour convaincre les citoyens de quoi que ce soit, et, surtout, du fait qu’il est en train de tout faire pour leur intérêt et à leur service.

Et, au final, Fakhfakh aura perdu, en même temps que la confiance du peuple qu’il avait, pourtant, commencé à gagner, une belle occasion de s’affranchir de la mainmise des islamistes. Mais non ! Il a choisi de se mettre sous leur coupe. Et c’est une très mauvaise idée. Car il ne devait pas perdre la confiance et le soutien d’un peuple, pour gagner celle de gens ingrats comme les frères musulmans qui ne rateront pas la première occasion, pour le lui faire comprendre.

Fakhfakh s’est mis dans la robe de César, qui sacrifie des centaines de gladiateurs que sont les tunisiens, pour le plaisir d’une poignée de personnes. Alors, dans ce cas, le salut des gladiateurs est de mise. « César, ceux qui vont mourir te saluent ». Mais comme le peuple tunisien n’est pas prêt à mourir pour le plaisir des autres, ils diraient, plutôt, « Les forces vives du pays te saluent ». Et il y aurait tout intérêt de se remémorer le destin de César, trahi par les siens… Les plus proches !

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