Le chef du gouvernement désigné, Elyes Fakhfekh ne cesse, depuis des semaines, de se faire malmener et rabaisser par le Cheikh Rached Ghannouchi, qui ne manque pas une occasion de lui rappeler que c’est lui qui commande. Le pauvre Elyes Fakhfekh, ne sachant plus que faire, est en train d’accumuler les gaffes, pour masquer son impuissance face au Cheikh.
C’est ainsi que lors de son dernier voyage au Burkina Faso, Ghannouchi a tenu à ridiculiser Fakhfekh, à l’aller, comme au retour. En effet, après la fameuse matinée où il a été obligé de quitter en toute urgence une réunion avec des représentants de partis, pour se précipiter vers la demeure de Ghannouchi demander sa bénédiction, et après que celui-ci lui ait signifié qu’il allait devoir attendre son retour, pour lui donner (ou pas) l’absolution pour former son cabinet, et après avoir patienté durant le temps que le Cheikh a passé à l’étranger, voilà que celui-ci, refuse de se rendre, à son retour, à Dar Dhiafa, affirmant ainsi qu’il n’est pas question qu’il se laisse bousculer par qui que ce soit et que c’est lui qui décide quand faire quoi.
Une fausse manœuvre de trop de la part de Fakhfekh qui a essuyé l’affront et a essayé de le cacher en prétendant que le Cheikh était trop fatigué pour venir à la réunion, ce qui l’a poussé à la reporter à lundi. Car ce que le Cheikh a annoncé à Fakhfekh, ce matin, ce n’est nullement qu’il était fatigué, mais qu’il devait prendre le temps de revenir à ses bases, avant de lui donner une réponse à propos de la formation de son cabinet.
Pour mettre en exergue son ascendant sur le jeune Fakhfekh, le Cheikh a tout fait pour que tout le monde sache qu’il n’était pas fatigué, mais qu’il ne voulait pas être bousculé et tenait à faire les choses à sa guise. Pour ceux qui n’ont pas compris suite à sa première apparition, cet après midi, à l’ARP, puis à la réunion du bureau exécutif de son parti, le Cheikh a fait dire au porte parole de son bureau exécutif que la réunion de signature du document de référence pour la formation du gouvernement a été reportée sur ses ordres, pour qu’il prenne le temps d’en discuter avec la direction du parti.
Dans tout çà, Fakhfekh semble ne pas avoir saisi que le Cheikh n’en avait pas après sa personne, mais qu’il était en train de servir de champ de bataille entre le Cheikh et Saïed. Une guerre par personne interposée qui montrera qu’il est le maître absolu. Entre temps, Fakhfekh aura achevé de consommer son capital confiance et respect. Il va devoir s’éclipser pour laisser la place à un autre pion, par le truchement duquel, les deux présidents vont continuer à s’entre-tuer pour le pouvoir et pour le contrôle de tout le système. Car il ne faut pas oublier que pour les islamistes, la main mise sur tout le système est une histoire de vie ou de mort. Ils doivent, à tout prix, empêcher l’ouverture de certains dossiers.
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