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Tunisie – Ennahdha prête à tout pour éviter de se retrouver entre les mains de Kaïs Saïed

Tunisie – Ennahdha prête à tout pour éviter de se retrouver entre les mains de Kaïs Saïed

Ennahdha a accusé le coup et reconnu son échec cuisant à former un gouvernement. Elle a compris que les gens ne sont plus ni dupes ni suffisamment cupides pour s’allier avec elle et risquer de connaitre le sort de tous ceux qui l’ont fait avant eux et qui ne sont plus que de vagues souvenirs.

Néanmoins, Ennahdha n’est pas prête à lâcher le morceau. En même temps, elle n’est pas prête à tenter l’aventure de gouverner isolée et à se jeter dans la gueule du loup, en assumant seule les conséquences de sa gestion des neuf dernières années, alors qu’elle gouvernait derrière la vitrine d’autrui, pour ne pas endosser la responsabilité des échecs répétitifs.

Or, les alternatives viennent à manquer devant les islamistes, pressés par les délais constitutionnels et par la peur d’abandonner leur sort entre les mains de Kaïs Saïed.

Cette hantise était plus qu’évidente et palpable, dans les propos de Abdehamid Jelassi qui a accordé une déclaration aux médias pour expliquer que le mouvement n’a plus guère que trois possibilités : Soit former un gouvernement de minorité et tenter de le faire passer en force à l’ARP. Soit s’allier à tout le monde et n’importe qui, y compris le diable, pour s’assurer une majorité confortable au parlement. Soit enfin de s’en remettre au président de la République, tout en sachant le sort que Kaïs Saïed réserve à tous ces partis politiques et leurs élus.

En faisant cette déclaration aux médias, Abdelhamid Jelassi s’adressait, surtout, aux autres partis et aux députés, pour leur rappeler qu’ils sont en train de risquer leurs sièges, si chèrement acquis et leur part de pouvoir. Car les choix devant eux ne sont plus très nombreux : Ils votent la confiance au gouvernement que va leur proposer Ennahdha, sinon ils vont être obligés de voter en faveur d’un gouvernement chargé par Kaïs Saïed ou, alors, aller carrément à la dissolution de l’ARP et engager de nouvelles élections qui s’annoncent pour eux, plus que hasardeuses.

De cette façon, Abdelhamid Jelassi compte incruster dans l’esprit des autres, la même terreur qui habite les islamistes, en leur rappelant qu’ils risquent de perdre leurs sièges et leurs statuts.

Autrement dit, il leur rappelle qu’ils n’ont pas d’autre choix que de voter en faveur du gouvernement qui leur sera proposé, même s’il s’agit, comme il l’a dit, d’un gouvernement qui ne représente qu’une minorité, pourvu que les cartes ne tombent pas entre les mains de Saïed.

Après la déclaration de Jelassi, les islamistes vont essayer de voir quelle sera la réaction des députés face à cet ultimatum, pour pouvoir trancher entre le choix d’un gouvernement de minorité qui bénéficierait de la confiance des députés qui auront peur de tout perdre ou celui de consentir le plafond de concessions pour rallier à eux le maximum de formations politiques, toujours avec le spectre de Kaïs Saïed en arrière plan !

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