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Tunisie : Ennahdha : Tous ceux qui s’y rapprochent se consument

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Une nouvelle mosaïque politique se dessine suite au mandat de dépôt émis, hier, à l’encontre de Nabil Karoui , pour des suspicions de corruption et de blanchiment d’argent.

Ce revirement de situation constitue un vrai dilemme pour les députés du parti en question. D’un autre côté c’est une réelle opportunité pour les blocs parlementaires qui tenteront peut-être de séduire les 30 représentants pour renforcer leur pouvoir au sein du parlement.

Il ne s’agit pas de la première crise que vit un parti politique. La scène politique tunisienne subit de manière continue une effervescence pour des raisons différentes : les tensions au sein des partis, la violence sous toutes ses formes dans l’assemblée, le tourisme parlementaire, les alliances, les compromis truqués, les remaniements ministériels, les crises socio-économiques successives…

Ces tensions au sein des partis ont, à leur tour, déstabilisé la scène politique et ont créé de nouvelles donnes.

Les alliés d’avant sont les perdants d’aujourd’hui : des Hommes politiques, des blocs parlementaires et des partis ont été détruits.

 

Le point en commun entre tous ces sous-fifres politiques ? Le Mouvement islamiste …

Faisons un retour en arrière …

Le drame a tout d’abord commencé en 2011 avec la Troïka, un gouvernement de coalition rassemblant les trois partis politiques Ennahdha ayant le plus de sièges à l’assemblée, le Congrés pour la République (CPR)  et Ettakattol sous la houlette de Hammadi Jebali. Seize mois après, la coalition a commencé à s’affaiblir : 2 assassinats successifs, une série d’attentats, un remaniement ministériel exigé, s’ajoute à cela, l’Union pour la Tunisie, une coalition regroupant des partis politiques du centre et de la gauche qui lutte contre la Troïka.

Ce chamboulement politique a obligé le mouvement islamiste à obéir aux attentes politiques de ses adversaires pour revoir ses calculs, mais le parti n’a pas été très touché par ces changements.

 

Mais, où sont Ettakattol et le CPR aujourd’hui ?

A l’instar de ces deux derniers, de nombreux partis s’étaient déclarés comme « Bourguibistes, modérés, centristes » ayant une ligne politique démocratique bien définie, qui luttent contre «l’affairisme religieux» et qui ont démenti tout lien ou rapport avec Ennahdha, sont devenus par la suite ses alliés.

Nidaa Tounes est le parti politique qui s’est présenté comme l’antithèse directe du mouvement islamiste, mais qui a quand même participé à un ensemble de compromis politiques avec le parti en question. Étrange parallélisme !

N’ayant aucun point idéologique en commun, cette alliance politique n’était pas non plus facile pour Ennahdha. Mais, c’est le maître du jeu, Rached Ghannouchi qui a pu, avec sa « stratégie de séduction », convaincre les hommes politiques de Nidaa Tounes, notamment Béji Caied Essebssi, en proclamant « sa modernité et son respect des principes de la démocratie».

Après avoir été les adversaires politiques les plus farouches et que tout opposait avant les élections d’octobre 2014, les deux partis ont fait finalement leur coming-out politique. Cette alliance de ‘‘compromis’’ a été à l’origine d’une grande déception des électeurs et a affecté toute crédibilité de leurs promesses.

Hélas, ce partenariat truqué n’a pas duré longtemps. L’absence de l’harmonisation de l’idéologie ainsi que les tensions qui ont eu lieu au sein du parti de Nidaa Tounes et les rumeurs sur un appareil secret d’Ennahdha ont fini d’avoir gain de cause de ce mariage d’intérêts.

Ce divorce n’a pas eu de conséquences graves sur Ennahdha. De l’autre côté, Nidaa Tounes s’est désagrégé rapidement et s’est éclaté en des partis centristes concurrents. C’était alors la chute de Nidaa Tounes.

 

Les élections de 2019 … Rebelote ?

La disparition de certains partis et la dissolution de certaines autres entités n’ont pas empêché le mouvement islamiste de chercher un nouveau sous-fifre. Les élections de 2019 étaient alors une opportunité pour séduire, de nouveau, un parti « centriste » pour une nouvelle alliance.

Le cadre dans lequel s’est inscrit les élections était un peu spécifique. La mort de Béji Caied Essebsi et le changement de la date des élections ont poussé les partis à opter pour des stratégies différentes en vue de convaincre l’électorat et mettre en avant leur crédibilité.

Qalb Tounes, malgré l’arrestation de son président Nabil Karoui, n’a pas fait l’exception. Ce dernier, a ainsi obéi à la ligne politique de son parti appelant à la liberté, à la démocratie et à lutter contre l’affairisme religieux. Lors d’une intervention à Elhiwar Ettounsi, Nabil Karoui, a nié toute alliance probable avec le mouvement islamiste en confirmant avec un ton sûr, que tous ces alliés … se délitent aujourd’hui.

Contrairement aux attentes de ses électeurs, Qalb Tounes s’est associé avec Ennahdha et la Coalition Al Karama pour probablement subir le même destin que les anciens alliés .

 

Qalb Tounes fera-t-il l’exception?

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