Une chaîne de télévision privée vient de mettre au jour une affaire de corruption choquante qui s’ajoute à la corruption ordinaire et qui a touché les tunisiens dont le moral est au plus bas en ces temps, vu la crise majeure qui terrasse le pays.
Il s’agit de l’importation par une société inconnue de grandes quantités de déchets domestiques, hospitaliers et autres en Tunisie, à partir d’Italie, officiellement pour être recyclées. On parle de 70 conteneurs de déchets qui viennent d’arriver. Plus de 212 autres conteneurs sont encore en attente dans le port de Sousse.
Le ministère des Affaires locales et de l’Environnement a réagi sur le tard en annonçant l’ouverture d’une « enquête » comme s’il n’était pas au courant de ce marché qui porte annuellement sur l’importation de 120 mille tonnes de déchets pour une somme dérisoire d’environ 5.76 millions d’euros soit l’équivalent de 18 millions de dinars.
La Direction générale de la douane a indiqué, à son niveau, qu’elle n’est pas en mesure de se prononcer sur l’affaire, car elle fait l’objet d’un litige avec la société importatrice…
Par ailleurs, cette affaire pose plusieurs points d’interrogation. Un certain nombre des sociétés de gestion des décharges publiques et de recyclage des déchets sont italiennes, ceci pourrait laisser penser que certaines sociétés tunisiennes auraient saisi cet état de fait pour tisser des liens plus ou moins transparents avec des étrangers peu scrupuleux pour développer un business dangereux.
Cependant, d’autres points d’interrogation doivent être soulevés. En effet, aucune autorité n’a donné d’explications relatives à la procédure d’importation des déchets, leur mise sous douane pour traitement et leur éventuel ré-export, sachant que la Tunisie est signataire de plusieurs conventions internationales concernant notamment le contrôle des mouvements transfrontaliers des déchets et l’interdiction d’en importer en Afrique. Elle est aussi signataire des codes des déchets européens.
L’incompétence flagrante des autorités de tutelle, en l’occurrence le ministère des Affaires locales et de l’environnement, le ministère de la Santé et l’agence nationale de protection de l’environnement au niveau de la gestion des déchets est devenue insupportable, voire très dangereuse.
Les tunisiens souffrent aujourd’hui de maladies liées à la détérioration de l’environnement partout dans le pays. Selon les dernières statistiques du ministère de Santé, le nombre des décès liées aux cancers en 2017 était de 4269 ce qui représente 16% des causes de mortalité due aux principaux groupes de causes de décès en Tunisie. Entre 11 et 12 mille nouveaux cancers sont enregistrés par an en Tunisie, selon les chiffres de la société tunisienne d’oncologie médicale (STOM).
L’affaire du trafic des déchets, révélée par les médias récemment, semble être un arbre qui cache une vraie forêt à savoir celle des nouveaux marchés de la mort qui s’installent dans en Tunisie dans un silence odieux, un laxisme douteux et une incompétence légendaire des autorités, politiciens en faillite, élus locaux, etc.
Quant à l’enquête sur cette affaire de déchets de Sousse, elle a peu de chance d’ aboutir à une suite à l’instar d’innombrables autres affaires aussi dangereuses et sordides qui ont été classées.
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