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Tunisie – Épidémie du coronavirus : Les aspects psychologiques

Tunisie – Épidémie du coronavirus : Les aspects psychologiques

4ème PARTIE: CONFINEMENT: MINIMISER LES RETOMBÉES PSYCHOLOGIQUES ET SAVOIR REGARDER LE BON CÔTÉ DES CHOSES

Auteure : Donia Remili : Docteure et chercheure en psychologie à Université de Tunis et à inetop- cnam. Paris. Enseignante à l’ISSIT et membre actif de la société civile (psychologues du monde, Tunisie)

On ne peut s’empêcher, quand une personne est réduite au confinement, de penser au stress, à la frustration, à l’isolement social, à l’anxiété et la dépression… Tous ces troubles psychologiques vont s’ajouter aux autres éléments déstabilisants, comme la perte de son rythme de travail, la condamnation à vivre dans un espace restreint, se trouver dans l’obligation de supporter ou de communiquer avec un partenaire avec lequel on est déjà en conflit, le sentiment de manque de liberté de se déplacer, de vivre pleinement des activités sportives, artistiques, scientifiques… Et on en passe dans cette liste des faits qui font perdre les repères habituels.

Cette consigne de confinement sanitaire qui a été imposée par l’Etat, comme moyen de prévention contre la propagation de l’épidémie, est souvent perçue et ressentie comme « un mal nécessaire », que l’on doit respecter contre sa volonté.

Par ailleurs, il ne faudrait pas oublier le sentiment de frustration, de stress et de peur qui envahit les personnes en confinement, devant l’impuissance devant l’épidémie et le sentiment de ne pas pouvoir contrôler et maîtriser la situation qu’on vit.

Mais tout le monde sait que « tout ce qui est interdit devient fortement désiré ! », comme, par exemple, quand le médecin interdit de consommer du sucre ou de fumer, le patient ressent tout de suite, l’envie irrésistible d’en consommer davantage…

Et si on regardait la moitié remplie du verre?

Il est, dans ces conditions, primordial de sortir de cette spirale noire des émotions négatives, nuisibles, et faire en sorte de découvrir le côté positif de cette situation et surtout de mettre en œuvre la force et l’énergie intérieures que l’on a en soi, pour les exploiter comme source de bien-être et moyen de se ressourcer afin de se retrouver en pleine forme pour un nouveau départ après l’épidémie.

Nous allons dresser une liste non exhaustive des moyens et actions à entreprendre pour s’aider à sortir des la zone sombre et tendre vers cette petite lueur de pensées positives.

Dans de tels cas, la psychologie positive peut apporter beaucoup d’éléments de réponse dans ce sens, pour aider à avoir une vision positive à plusieurs niveaux:

Tout le monde a tendance à se focaliser, plus, sur ce qui est négatif dans cette situation d’épidémie où les autorités ont la maladresse de ne communiquer que les côtés négatifs, comme, par exemple, énumérer les malades et les morts, alors que rarement, quelqu’un a abordé le nombre de ceux qui sont guéris de cette maladie.

Sinon, pour regarder le bon côté des choses, il ne faut pas perdre de vue que :

  • Cette période de confinement est une occasion pour renouer des liens d’amitié ou familiaux, voire les renforcer. Il ne faut pas oublier que, depuis quelques décennies, on a, de plus en plus, un semblant de famille, plutôt qu’une vraie famille. Tout le monde se plaignant de travailler d’arrache-pied et d’essayer de gagner de l’argent pour survivre, d’être à court de temps pour communiquer avec ses enfants, ses parents… Et, cerise sur le gâteau, on reproche souvent au partenaire, le manque de compréhension, l’indifférence… ce qui aboutit généralement à des disputes gratuites…
  • Jadis, nos aïeux étaient plus heureux et plus solidaires, parce qu’il y avait plus de chaleur humaine, plus de dialogue avec les enfants, plus de respect et de joie malgré, parfois, la pauvreté, … On pourrait, donc, profiter de ce confinement, pour revivre ces valeurs et ces émotions positives, pour renouer, un tant soit peu, avec ces moments agréables au sein de nos familles !
  • Pendant cette période supposée de contrainte, on peut se faire plaisir et entreprendre des activités et des passions qu’on ne pouvait plus faire en temps normal, comme lire des livres, écouter ou jouer de la musique, ou encore s’adonner à des activités manuelles, du genre bricolage, jardinage, tricotage, voire redécouvrir ses talents de cuisinier… On pourrait, même, visiter virtuellement des musées du monde entier en accès libre, ou, revivre les bons souvenirs avec la famille ou des amis à travers des photos ou des vidéos).
  • En temps normal, les fonctionnaires cherchent à avoir un congé pour se reposer, pour se vider un peu l’esprit des problèmes et du stress du travail, ainsi que du rythme infernal vécu, tous les jours, pour ramener les enfants à l’école, être à l’heure au travail, subir les bouchons dans les rues… Voilà, donc, une bonne occasion d’être épargné de ce stress continu !
  • Pour les entreprises et les institutions publiques, cette période peut, aussi, être une occasion de repenser les bienfaits du télétravail et mettre en place de futures stratégies innovantes, et ce, dans plusieurs domaines (services publics, enseignement, ou formation à distance…)
  • Certains sont allés jusqu’à dire que cette épidémie va changer le comportement des gens, dans le bon sens. Comme pour l’intérêt porté à l’hygiène de vie, d’une façon générale sous toutes ses formes ; physiques, alimentaires… Mais, attentions, dans ce registre, à ne pas basculer dans des comportements obsessionnels et compulsifs (maladifs).
  • Cette période a, par ailleurs, été une occasion pour certains de faire l’étalage de leur savoir et leur science, comme çà a été le cas de ces ingénieurs tunisiens qui ont donné libre cours à leur créativité pour fabriquer ce qu’il faut pour gérer cette crise, à l’instar des équipements de protection pour les soignants et les appareils de ventilation pour les patients.
  • Cette période aurait pu, aussi, être un moment de trêve politique. Mais, malheureusement la gravité de la situation n’est pas arrivée à venir à bout des comportements agressifs et conflictuels de certains politiciens tunisiens.
  • On pourrait, par ailleurs, tirer un peu de plaisir et de sentiments positifs en se remémorant les gestes nobles de solidarité vécus avec beaucoup d’émotions entre les citoyens et envers le ministère de la Santé.
  • Il ne faudrait pas aussi perdre de vue les effets positifs de cette épidémie sur l’environnement, puisque le monde est en train de connaître les taux les plus bas de pollution .

C’était là, quelques messages positifs, qui « reboostent » un peu le moral et recentrent l’attention vers une vision optimiste, même si l’enthousiasme ne pourrait être à son comble. Il est donc recommandé de prendre de la distance par rapport à toute information ou situation négative, reconsidérer positivement la situation de confinement et d’épidémie, diffuser des messages d’amour…  On pourrait, pour ceux qui le veulent, chercher le réconfort dans la spiritualité et se dire tout le temps qu’ « Après la pluie, vient le beau temps ! »

 

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