Tunisie-Ezzeddine Saidane [AUDIO] : « Les négociations avec le FMI sont devenues compliquées, ce qui nous fait douter de leur lancement »

Dans une déclaration à Tunisienumerique ce lundi 28 mars 2022, l’économiste Ezzeddine Saidane a confirmé que le Fonds Monétaire International est conscient de toutes les précautions de l’UGTT concernant l’ensemble des conditions qu’il a présentées au gouvernement, dans son commentaire sur la déclaration de Noureddine Tabboubi sur sa conversation téléphonique avec Mme.Bouden suite à la visite de la délégation du FMI au siège de l’Union.

Notre interlocuteur a ajouté que les mêmes précautions relatives aux conditions du FMI ont été abordées lors des pourparlers à distance avec le FMI en février dernier.

Soulignant qu’une grande question a été soulevée sur les déclarations du gouvernement à l’époque, qui ont confirmé de grands progrès dans les négociations avec le FMI. Or, en marge de a dernière réunion entre l’UGTT et le FMI, il a été constaté exactement l’opposé.

L’économiste a souligné que l’organisation donatrice n’a pas le droit de stipuler l’accord entre le gouvernement et l’organisation syndicale, contrairement à ce que Youssef Echahed avait déclaré auparavant, et « c’est ce qui affaiblit désormais l’argument de la Tunisie ».

M. Saidane a noté que le FMI n’a pas stipulé par écrit, la condition d’accord, mais plutôt dans le cadre d’entretiens oraux uniquement.

« Cela indique que le FMI a commis une erreur envers la Tunisie lorsqu’il a fixé le syndicat en tant partie décisive ou obstacle aux négociations et le fait de lui donner le droit de veto », a-t-il précisé.

« Les choses se sont maintenant compliquées, et c’est ce qui fait douter de la possibilité d’entamer des négociations », a-t-il poursuivi.

Et en réponse à la question : Combien de temps faut-il, une fois les négociations sont lancées pour que la Tunisie obtienne un financement du FMI ? Saidane a déclaré que si le processus démarrait effectivement, il faudrait 3 à 5 mois à la Tunisie pour parvenir à un accord.

Quant à savoir comment les finances publiques tiendront jusqu’à cette date… Notre interlocuteur a expliqué que le budget de l’État pour l’année 2022 était basé sur l’hypothèse qu’un accord avec le FMI serait conclu en mars, et sur l’hypothèse où la Tunisie aurait besoin de 20 milliards de dinars pour pouvoir payer ses dettes pour cette année.

Or, après le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, les besoins de la Tunisie ont augmenté, en raison de la hausse du prix du baril de pétrole, de la hausse du prix des céréales les prix et l’impact de la guerre a également touché la saison touristique.

L’économiste Ezzedine Saidan a estimé que les besoins de la Tunisie seraient de l’ordre de 27 milliards de dinars, ce qui signifie que la situation est « devenue beaucoup plus difficile qu’elle ne l’était avant le déclenchement de la guerre en Ukraine ».

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