Economie

Tunisie-FMI : Des “progrès” dans les discussions mais il y a un os, un gros

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Le communiqué très feutré du FMI – et oui il sait faire dans la diplomatie – fait état de bon progrès” dans les discussions avec la Tunisie. Cette dernière ne peut que s’en réjouir, même si étrangement aucun commentaire n’a été fait par l’exécutif tunisien après le communiqué de l’institution internationale. Des progrès valent toujours mieux qu’un constat de blocage, avec toutes ses conséquences pour un pays qui a cruellement besoin d’un coup de main. Aux dernières nouvelles le FMI n’en était qu’au stade de comprendre la trajectoire que projette de prendre le gouvernement pour réformer le pays. Certains diront que plus d’un mois – les pourparlers avec le FMI ont officiellement commencé le 14 février 2021 – juste pour comprendre ce que veut faire la Tunisie c’est un peu long. Mais ce n’est pas le plus inquiétant…

Le plus angoissant ce sont les dernières notes dissonantes émises par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), par la bouche de son secrétaire général, Noureddine Taboubi, chauffé à blanc par ses partisans. D’abord cette surprenante affirmation sur le fait que le document remis par la Tunisie au FMI ne contient pas de réformes. L’institution internationale, à travers son dernier communiqué, confirme que le plan qu’elle a entre les mains en contient. Et c’est le même qui a remis à Taboubi dès le 11 décembre 2021, à la Kasbah et il y avait du beau monde de la cheffe du gouvernement, Najla Bouden…

Donc les réformes sur la table du FMI, le secrétaire général de la centrale syndicale en a eu vent depuis un moment. S’il botte en touche c’est soit parce qu’il a réalisé l’ampleur des sacrifices qu’on demande aux citoyens et qui ne passeraient pas auprès de ses troupes – les travailleurs -, soit il considère que le gouvernement a mis la charrue avant les boeufs en discutant avec le FMI alors que les experts de l’UGTT n’ont pas encore pondu le document final sur les réformes acceptables de suite et celles qu’il faut différer ou carrément annuler…

Donc en l’état entamer des négociations avec le FMI alors que l’UGTT n’a pas encore défini sa position est sacrément risqué pour l’exécutif tunisien. La dernière fois que Taboubi et compagnie ont évoqué la potion amère que s’apprête à boire la Tunisie ils ont posé trois conditions pour donner leur aval :

  1. Il faut un Dialogue national inclusif autour de ce dossier.
  2. Un plan de grande envergure qui recueille l’accord de toutes les parties et fixe les chantiers politiques, économiques et sociaux.
  3. L’UGTT exige que la circulaire numéro 20 soit abrogée, pour permettre aux syndicats de négocier directement avec les directions sans le quitus du palais de la Kasbah.

Le chef de l’Etat, Kais Saied, n’a toujours pas répondu aux exigences de l’UGTT, au contraire les actes qu’il pose depuis (Consultation nationale, refus catégorique de dialoguer avec tous les partis, etc.) vont dans la direction opposée. Tant que le président de la République ne daignera pas répondre à l’UGTT sur ces points cette dernière ne bougera pas dans le sens que veut le gouvernement. C’est important pour rassurer la centrale syndicale sur le fait qu’elle garde son statut de pivot de la vie politique et sociale du pays, c’est important aussi en termes de concessions du pouvoir pour que Taboubi puisse défendre auprès de ses partisans les sacrifices qu’ils doivent consentir en retour…

Tant que ce n’est pas fait une avancée notable dans les réformes et in fine avec le FMI est illusoire. Alors de quoi vont discuter le gouvernement tunisien et son principal bailleur très prochainement ? La dernière sortie musclée de l’UGTT n’est pas de bon augure…

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