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Tunisie – Guerre contre le covid-19 : Un bon général doit savoir préserver ses troupes

Tunisie – Guerre contre le covid-19 : Un bon général doit savoir préserver ses troupes

L’épidémie de coronavirus a pris, depuis hier, un virage déterminant, en Tunisie. En effet, avec la suspicion de contamination et par conséquent, la mise en quarantaine d’un bon nombre de médecins et de paramédicaux, dans, au moins, une clinique privée et plusieurs services hospitaliers entre les CHU de La Rabta, de Habib Bourguiba à Sfax et probablement bientôt, l’institut Kassab de Ksar Saïd, c’est le système de santé du pays qui est touché de plein fouet. Si le ministère de la Santé ne prend pas les mesures de protection et de soutien qu’il faut, en d’autres termes, puisqu’il est de mise, de nos jours, de parler en termes de guerre, si le général ne prend pas soin et ne couvre pas ses soldats, il va, très rapidement, se trouver sans armée, face à un ennemi qui ne fait que gagner en force, aidé qu’il est par des « traîtres » parmi la population.

Ce qui est survenu dans les structures sanitaires tunisiennes est grave, avec la suspicion de contamination de plusieurs services hospitaliers et le confinement de dizaines de personnels de la santé. Cela augure d’un effondrement total, dans les plus courts délais, de tout le système de santé.

Les voix s’élèvent, depuis quelques jours, parmi le personnel, laissant deviner une situation de détresse qui devient critique. Le ministère de la Santé se doit de réagir dans les meilleurs délais, pour soutenir et protéger son personnel, son armée comme il se plait de dire, depuis le début de la crise.

Les impératifs du personnel sont multiples et urgents. Ils ont besoin, certes, de matériel et de moyens de protection. Mais, ils ont, surtout, besoin de se sentir soutenus et compris par leur ministère. Ils vivent, quotidiennement dans la terreur et regardent leurs responsables lancer des théories, de là où ils sont, sans savoir ce qui se passe en réalité, sur le terrain. Car ce qu’ils sont en train d’expérimenter sur le terrain n’a rien à voir avec ce que prétendent les responsables.

Le personnel se plaint d’un manque quasi-total de matériel et de moyens de protection, contrairement à ce qui est annoncé et de la non-application des mesures de préventions au niveau de tous les hôpitaux. Par ailleurs, ils se se sentent lâchés face cet ogre dont ils ne connaissent pas grand-chose. Ils ne bénéficient, notamment, d’aucune mesure d’accompagnement ni de soutien psychologique alors qu’ils sont en train de vivre une expérience des plus traumatisantes, surtout quand ils sont jeunes et débutent dans la vie.

Le soldat, monsieur le général, a essentiellement besoin de trois choses vitales pour lui. Il veut se sentir en sécurité, soutenu par sa hiérarchie et il veut être rassuré par rapport à sa famille et aux siens. A défaut de cela, on ne pourrait jamais demander à quelqu’un de se sacrifier pour une cause quelle qu’elle soit, même, pour la Nation.

Car ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que la plupart des membres du personnel de santé de première ligne, c’est-à-dire dans les urgences et dans les services de réanimation, sont des jeunes de moins de 30 ans et qui considèrent qu’ils ont toute la vie devant eux. Et d’un autre côté, ils sentent, comme tous les jeunes de leur âge, le besoin d’être épaulés, soutenus et compris.

Du coup, ce qu’il faut craindre, si ce personnel ne se sent pas suffisamment soutenu, c’est la seule réaction qu’on peut attendre d’eux. L’abstention, ou, en termes de guerre, le repli, voire, la désertion. Car ces jeunes vont se dire que, du moment qu’on ne s’intéresse pas à leur sort, pourquoi devraient-ils se soucier des autres ? Ils vont se dire qu’ils ne risquent rien de repartir chez eux et laisser tout ce beau monde se débrouiller sans eux. Qu’ils aient peur de se faire virer ? Certainement pas ! Car ils se diront qu’il vaut mieux se faire virer que de se laisser tuer dans de telles circonstances. Et puis, à 30 ans, on n’a, vraiment, pas peur de se faire renvoyer des hôpitaux tunisiens, sachant qu’après l’épidémie, leurs compétences seront recherchés dix fois plus, dans les pays européens qui auraient, entretemps, perdu une partie de leur personnel dans cette affaire !

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