Politique

Tunisie-Hatem Boulabiar : « Voilà pourquoi la Tunisie ne connaitra pas le triste sort du Liban »

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L’Homme d’affaires par ailleurs homme politique, Hatem Boulabiar a commenté dans un post publié sur sa page ce mardi soir 05 avril 2022, les prévisions « des ‘’experts’’ [qui] se sont précipités pour comparer la Tunisie au Liban ».

La teneur de son post est la suivante :

« Qu’en est-il de cette comparaison ?

1/ Structure économique :

  • Le PIB de la Tunisie est ventilé:
  • 10% Agriculture
  • 25% Industrie
  • 65% service
  • Pour l’économie Libanaise:
  • 4% Agriculture
  • 13% Industrie
  • 83% service

Cette différence structurelle implique une économie tunisienne plus résiliente aux chocs externe (épidémie, guerre de l’Ukraine,..)

D’ailleurs, le covid a plus que divisé par 2 le PIB libanais en 2020 (récession de -64%).

Alors qu’en Tunisie la croissance ‘’n’a reculé’’ que de -8,8%.

Rappelons que pour nos principaux partenaires économiques, l’annus horribilis a fait chuter l’économie italienne de -8,9%. La France a fait -8,3%.

Ce qui démontre l’accrochage de l’économie tunisienne au vieux continent. D’où ses capacités de résilience.

2/ Effet d’échelle :

La Tunisie fait 164 mille km2 soit 16 fois le Liban (10 mille km2).

D’où la capacité en surfaces agricoles malgré le stress hydrique que connaît notre pays.

Le PIB de la Tunisie avoisine les 43 Milliards de $ en 2021.

Celui du Liban est 21 Milliards de $.

La population libanaise dépasse les 5 millions d’habitants. Soit moins que la moitié de celle de la Tunisie (12M).

Cette différence d’échelle socio-économique rajoute une vulnérabilité supplémentaire au pays du cèdre.

3/ Dettes

La Tunisie a un stock de dette fin 2021 qui avoisine les 106 milliards de dinars. Soit 35 milliards de $.

Le ratio Dette/PIB est 81%.

En contrepartie la dette libanaise a dépassé le seuil symbolique de 100 milliards de $.

Soit un taux Dette/PIB de 400%.

4/ Inflation

Au Liban, les prix des denrées alimentaires au cours des deux années de crise (2020-2021) ont augmenté de plus de 600%.

En Tunisie, grâce aux efforts de la BCT et son indépendance statutaire, les prix ont augmenté de 13% sur la même période.

Soit une inflation 40 fois moindre en Tunisie.

5/ Solidité monétaire :

Avant le déclenchement de la crise, en 2019, un dollar américain s’échangeait à hauteur de 1 500 livres libanaises (LL).

Aujourd’hui, le dollar s’échange sur le marché parallèle à plus de 28 000 LL. En un peu plus de deux ans, la livre a ainsi perdu plus de 94 % de sa valeur face au billet vert.

Par ailleurs, le dinars tunisien s’échangeait en 2019 à 2,93 pour 1 $.

Aujourd’hui, ce taux est de 2,98. Soit une perte de valeur du dinar de seulement 1% en 2 ans.

6/ Système politico-financier

Pour comprendre les origines profondes de la faillite libanaise, il faudrait revenir à la période de la guerre civile.

La transition politique et la réconciliation post-guerre civile se sont faites sur l’amnésie et l’absolution des crimes. Pour que les milices mafieuses, qui faisaient beaucoup de profits pendant la guerre, abandonnent les armes, il fallait alors leur promettre qu’ils allaient obtenir encore plus de revenus et de pouvoirs politiques en temps de paix. De plus en plus impliqués dans les sphères institutionnelles, ils ont donc importés leurs pratiques mafieuses au cœur de l’appareil étatique et ainsi procédé à des détournements de fonds.

Ensuite, la politique de reconstruction du pays, menée par des entreprises de BTP directement liées à une classe politique corrompue (Premier ministre Rafiq Hariri, chefs de milices,..) a contribué à enrichir cette même classe politique aggravant le déficit des finances publiques.

Le Liban est un exemple typique de capitalisme de connivence, où élites économiques et politiques sont extrêmement liées. Ainsi, 18 des 20 banques nationales comptent des actionnaires appartenant à la classe politique et 43% des actifs financiers du pays leur appartiennent.

Il s’agit d’un système d’enrichissement direct, qui s’est mis en œuvre au début de la période de reconstruction. La dette publique étant financé par des banques libanaises, celle-ci a servi d’instrument d’enrichissement pour toute la classe politique.

Ce tour de passe-passe politico- financier est impossible en Tunisie avec une banque centrale indépendante des pouvoirs publics et donc des politiques.

Voilà pourquoi La Tunisie ne connaîtra pas Inchallah le triste sort du Liban”.

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