Economie

Tunisie – Hausse de la demande des essences de 12% face à des marges limitées de maitrise de la consommation

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Selon le dernier bulletin statistique du ministère de l’industrie, des mines et de l’énergie paru cette semaine, la demande nationale de produits pétroliers, a enregistré entre fin février 2021 et fin février 2022, une hausse de 5% pour se situer à 742 kilotonne d’équivalent pétrole (ktep). La demande des essences a augmenté de 12%, du fuel de 12% et du jet de 91%.

Néanmoins, les chiffres montrent que la demande du gasoil a enregistré une légère baisse de 1%. La structure de la consommation de produits pétroliers n’a pas connu de changement significatif entre fin février 2021 et fin février 2022 à l’exception de quelques produits notamment le jet dont sa part est passée de 2% à 3% et le gasoil qui est passé de 46% à 44%.

La consommation de carburants routiers a augmenté, à fin février 2022, de 2% par rapport à fin février 2021. Elle représente 60% de la consommation totale des produits pétroliers. La consommation de GPL a augmenté de 8% entre janvier 2022 et janvier 2021.

La demande totale de gaz naturel a enregistré une hausse de 4% entre fin février 2021 et fin février 2022 pour se situer à 844 ktep. La demande pour la production électrique a enregistré une diminution de 4%, celle pour la consommation finale a augmenté, par contre, de 21%. Le secteur de la production électrique reste, de loin, le plus grand consommateur de gaz naturel (61% de la demande totale à fin février 2022), la production électrique est en effet basée sur le gaz naturel à plus de 97%.

D’après une analyse de l’Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranéen (IPEMED), un think tank euroméditerranéen, depuis 2000, la Tunisie est strictement déficitaire en énergie en raison d’une augmentation de la demande en énergie plus importante que celle de la production nationale.

Au fait, selon les données officielles, la Tunisie a connu, ces dernières années, un déclin des ressources d’énergie primaire consécutif, notamment, au déclin naturel des réserves mais surtout aussi suite au ralentissement des activités de prospection et de recherche (arrêt des activités des compagnies de prospection et d’exploitation pétrolière dans le sud tunisien et sur l’ile de Kerkennah).

Par ailleurs, les besoins en énergie primaire ne cessent de s’accroître. Dès lors, la Tunisie doit faire face à une croissance continue de ses importations en énergie, drainées principalement par les importations de produits raffinés du pétrole et de gaz naturel. A titre d’illustration, le déficit énergétique a été multiplié par 6 entre 2010 et 2015.

L’IPEMED indique que si les chiffres du ministère de l’industrie, des mines et de l’énergie, montre que la dépendance énergétique est en baisse mais celle-ci s’appréhende aussi à un autre niveau du fait de l’importance de l’approvisionnement extérieur du pays qui est constitué, entre autres, du gaz naturel acheminé d’Algérie par gazoduc, importé ou prélevé à titre de redevance sur le gaz destiné à l’Italie.

Tous produits confondus, l’Algérie est l’un des plus importants fournisseurs de la Tunisie avec l’Italie, la Russie, l’Azerbaïdjan et la France.

Cette situation démontre que le système énergétique du pays se trouve au cœur des problèmes globaux, et son évolution va de pair, selon le think tank, avec des défis difficilement surmontables : stratégique, lié à la nécessaire sécurisation et diversification de ses approvisionnements ; économique, compte-tenu du poids des subventions énergétiques dans la facture globale et de la dépendance croissante du secteur industriel tunisien au gaz naturel importé, et enfin, social et environnemental.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek