Economie

Tunisie : inquiétude face à une éventuelle baisse des salaires dans le secteur public

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Le programme de réforme économique du gouvernement tunisien a de nouveau suscité des inquiétudes quant à la possibilité que le gouvernement passe à la réduction des salaires dans le secteur public. Les craintes d’un passage en force à cette étape ont augmenté après que le gouvernement de Najla Bouden ait dévoilé un plan de réforme économique qui parle de « rationalisation » des salaires et de gel des recrutements dans le secteur public.

La réduction du volume de la masse salariale est la pierre angulaire dans les négociations de la Tunisie avec le Fonds monétaire international, qui considère cette masse parmi les plus élevées au monde par rapport au produit intérieur brut du pays.

Depuis 2016, date à laquelle l’ancien gouvernement dirigé par Habib Essid a signé un programme de coopération financière avec le Fonds monétaire international, cette dernière a appelé les autorités tunisiennes à réduire la masse salariale, qui s’élevait à 15,6% du PIB cette année, contre 10% seulement en 2010.

Les réserves de l’UGTT

Le porte-parole officiel de l’UGTT, Sami Tahri, a récemment déclaré que le gouvernement de Najla Bouden a abandonné l’idée de réduire les salaires, mais qu’il est en mesure d’utiliser d’autres moyens pour réduire la masse salariale, y compris le gel des avancements de carrière et la baisse des heures supplémentaires dont bénéficient les fonctionnaires, en plus du report des négociations pour l’augmentation des salaires.

Tahri a expliqué que « tous les scénarios sont attendus du gouvernement tunisien, y compris la violation des droits acquis des fonctionnaires », soulignant que les syndicats sont prêts à affronter ce plan de réforme unilatéral visant plus de 600.000 des fonctionnaires.

Notons que le gouvernement avait proposé « des mesures urgentes dans le cadre du budget 2023, pour contrôler et rationaliser la masse salariale en gelant les recrutements dans le secteur public et en les limitant aux secteurs strictement nécessaires. La masse salariale avait atteint un niveau record en 2022 pour toucher 15,6% du PIB, contre 10% en 2010, ce qui a réduit les la capacité du budget à stimuler l’investissement public.

La réduction de la masse salariale est l’une des réformes les plus importantes recommandées par le Fonds monétaire international pour que la Tunisie puisse conclure un accord avec lui et obtenir des fonds, en plus de la réduction des dépenses de subventions, la réforme des établissements publics et le système fiscal.

Rappelons également qu’il est probable que le gouvernement réduise la masse salariale et les dépenses de gestion principalement en arrêtant les négociations directes entre les syndicats et l’administration sur les augmentations des salaires et les promotions, et ce en fixant de nouveaux cadres de négociation avec les parties sociales.

La masse salariale prévue dans la loi de finances 2022 est estimée à 21,5 milliards de dinars, contre 20,3 milliards de dinars en 2021.

Le ministère des Finances a publié fin mars dernier son bulletin périodique sur l’exécution du budget de l’Etat. Ce bulletin a fait état d’un excédent dans le solde budgétaire de l’Etat de 314 millions de dinars, et les dépenses budgétaires de l’Etat durant la période de mars 2021 à mars 2022 ont été quasi stables à 8902,2 millions de dinars, principalement en raison de la baisse des charges salariales de 1,4% pour la première fois depuis 2011.

L’UGTT a annoncé, fin mai dernier, que les salariés de 159 entreprises et établissements publics mèneront une grève, qui comprend les services vitaux, dont les plus importants sont les transports terrestres, maritimes et aériens, et les ports de commerce et ce, le 16 juin pour protester contre la décision du gouvernement de ne pas entreprendre des négociations sur l’augmentation des salaires, et l’amélioration du pouvoir d’achat des salariés.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek