Politique

Tunisie- Kais Saied lance ses ”missiles” de Monastir

Tunisie- Kais Saied lance ses ”missiles” de Monastir

Lors de la cérémonie de commémoration du 21e anniversaire du décès de Bourguiba, le président de la République, Kais Saied s’est exprimé d’une manière pour le moins surprenante.

Loin des sous-entendus et des allusions, le chef de l’Etat est allé droit au but, donnant enfin une suite au titre de son programme électoral « le peuple veut… Changer le régime politique ».

La Cour constitutionnel : un instrument de règlement de comptes

Le président de la République a déclaré très clairement que l’ARP essaye de faire de la Cour constitutionnelle un instrument pour gérer des différends politique, lançant que le peuple a besoin d’une « Cour des comptes » et non pas d’une « Cour de règlement de comptes ».

Certes le peuple tunisien a besoin d’une Cour constitutionnelle, mais cela ne doit en au cas se faire au détriment de l’esprit de la Constitution et des lois, a souligné Kais Saied.

Aujourd’hui, la majorité parlementaire tente de rectifier des dispositions déjà créées sur mesure, plusieurs années après la fin des délais constitutionnels, a-t-il dénoncé.

Viser l’électorat d’Ennahdha et du PDL… Mais avec élégance

Près de la tombe du « combattant suprême », le président de la République a cité un article de presse dans lequel Habib Bourguiba évoque l’importance de respecter l’esprit de la Constitution.

Kais Saied a alors rappelé qu’il a juré de protéger la Constitution et que les représentants parlementaires ont également juré de le faire, appelant « ces hypocrites » à honorer leur serment à défaut de respecter le texte constitutionnel.

« Je suis musulman et fier de l’être… Le musulman ne ment pas, il ne diffame pas, il fait preuve de droiture », mais certains veulent nous faire revenir à l’avant islam (Jâhilîya) et se croient au-dessus des critiques.

Un lexique religieux sans doute, mais employé avec subtilité et doigté et qui d’un point de vu pragmatique, semble apte à toucher le public du Mouvement Islamiste.

Il a par la suite enchaîné en faisant l’éloge de Habib Bourguiba qui a appelé à réformer la Constitution de 1959, le jour même de sa signature, estimant qu’en 3 ans plusieurs données ont changé.

Bourguiba s’est excusé auprès du peuple tunisien le jour où il a émis un décret anticonstitutionnel. Il a eu « le courage d’avouer ses torts » contrairement à ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui.

Il a par ailleurs rappelé que du temps de Bourguiba, l’Etat avait parié sur l’éducation et la santé publiques, ajoutant que Bourguiba n’a jamais été l’ennemi de la religion.

Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui veulent faire imploser ce qu’a bâti Bourguiba: l’éducation, les administrations et la société moderne, au nom de l’Islam.

Un message qui pourrait être interprété comme un clin d’œil adressé aux Bourguibistes et une manière de dire que le PDL ne détient pas l’exclusivité de cette idéologie.

Compétences réduites et changement du régime politique

Kais Saied a estimé que le peuple tunisien qui s’est révolté contre la pauvreté et la misère a parfaitement le droit de choisir un nouveau régime politique.

Il a souligné que la loi lui confère suffisamment de pouvoir pour qu’il puisse faire respecter la Constitution et ses dispositions affirmant qu’on est passé « du parti unique au lobby unique » et qu’il n’était pas prêt à dialoguer avec ceux qui ont volé ce pays.

Un message fort pour montrer que même les compétences les plus réduites peuvent changer la donne, si elles sont mises entre des mains expertes… Mais à quel prix? Là est la question.

 

 

 

 

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